Le nouveau premier ministre espagnol Pedro Sanchez annonce la composition de son gouvernement, à Madrid, le 6 juin 2018. / Francisco Seco / AP

Arrivé au pouvoir vendredi après la chute du conservateur Mariano Rajoy, Pedro Sanchez, 46 ans et sans expérience du pouvoir, a nommé un gouvernement ouvert à l’Europe et le plus féminin que l’Espagne ait jamais connu (11 femmes et 6 hommes).

C’est aussi le plus minoritaire depuis le rétablissement de la démocratie. Le Parti socialiste ne dispose que de 84 députés sur 350 et dépendra donc de la marge de manœuvre que voudront bien lui laisser le parti de gauche radicale Podemos, les nationalistes basques et les indépendantistes catalans, qui ont soutenu la motion de censure contre M. Rajoy.

La composition de ce gouvernement est « le reflet du meilleur de la société » espagnole, « paritaire, intergénérationnel et ancrée dans l’UE », a-t-il déclaré.

Un gouvernement pro-européen

En pleins préparatifs du Brexit au Royaume-Uni, et alors que l’Italie vient de voir se former un gouvernement eurosceptique, l’exécutif espagnol a volontairement un caractère pro-européen marqué.

Sanchez a ainsi nommé l’ancien président du Parlement européen Josep Borrell aux affaires étrangères. Ce Catalan de 71 ans et européen convaincu s’est illustré ces dernières années par son opposition très ferme au mouvement indépendantiste en Catalogne. A l’étranger, il sera chargé de défendre l’unité du royaume d’Espagne, alors que le gouvernement Rajoy, selon lui, avait tout « fait de travers » en termes de communication face aux indépendantistes.

Le socialiste a surtout choisi deux femmes pour diriger son équipe économique qui, selon sa promesse de la semaine dernière, « devra avoir pour priorité principale de respecter les engagements européens » en matière de déficit public. Il a ainsi nommé la directrice du budget de l’UE Nadia Calviño à l’économie.

A côté de Nadia Calviño, Maria Jesus Montero prend le portefeuille des finances. Assumant déjà cette responsabilité au gouvernement régional de l’Andalousie, elle avait ainsi dû pratiquer dans sa région les coupes dans les dépenses publiques ordonnées par le gouvernement conservateur.

Le numéro trois du PSOE, José Luis Abalos, est lui chargé des travaux publics et l’ancien juge Fernando Grande-Marlaska de l’intérieur. En interne, une autre Catalane sera chargée de dialoguer avec le gouvernement indépendantiste de Quim Torra : Meritxell Batet, Barcelonaise de 45 ans, nommée ministre de l’administration territoriale. Il a par ailleurs nommé le premier astronaute espagnol Pedro Duque aux sciences.

Une place prépondérante aux femmes

M. Sanchez a aussi choisi de placer des femmes à des postes centraux, au point que la presse espagnole se demande si le conseil des « ministros » (« ministres » au masculin) ne devrait pas être rebaptisé des « ministras » (au féminin).

Pedro Sanchez a ainsi nommé Carmen Calvo, 60 ans, ancienne ministre de la culture (2004-2007), comme vice-présidente. Elle sera également à la tête du ministère de l’égalité, une question prioritaire pour le gouvernement, trois mois après l’exceptionnelle « grève générale féministe » et les manifestations d’ampleur inédite du 8 mars.

L’ancienne procureure antiterroriste Dolores Delgado arrive à la justice et l’ancienne juge de la Cour suprême Margarita Robles à la défense. Isabel Celaa sera chargée de l’éducation, Magdalena Valerio du travail, Carmen Monton de la santé.