Logos Facebook sur un écran à Pékin, Ie 23 mars. / NICOLAS ASFOURI / AFP

Comment le discours de Mark Zuckerberg a changé en quatorze ans
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Facebook a précisé mardi 5 juin que le chinois Huawei faisait partie des fabricants de smartphones qui avaient eu accès à des données de ses utilisateurs. Une annonce qui a suscité la colère de plusieurs parlementaires américains, qui considèrent cette entreprise comme le bras armé technologique de Pékin.

« Huawei est le troisième plus grand fabricant d’appareils mobiles dans le monde et ses appareils sont utilisés partout, notamment aux Etats-Unis. Facebook, comme d’autres entreprises technologiques américaines a travaillé avec lui, et d’autres fabricants chinois, pour rendre compatible (le réseau social) dans leurs téléphones », a justifié par mail à l’Agence France-presse, Francisco Varela, chargé des partenariats mobiles au sein du groupe fondé Mark Zuckerberg, confirmant une information du New York Times.

Ce processus visant à rendre Facebook compatible avec les smartphones des groupes chinois Huawei, Lenovo, OPPO et TCL « était contrôlé depuis le départ », a-t-il ajouté. « Compte tenu de l’intérêt de la part du Congrès, nous voulions préciser clairement que toutes les informations (…) étaient stockées dans l’appareil et non les serveurs de Huawei. »

Création d’une appli

Le New York Times avait écrit dimanche soir que Facebook avait laissé plusieurs dizaines de fabricants de smartphones accéder à des informations sur ses utilisateurs sans leur consentement, pour que ces industriels puissent proposer le réseau social sur leurs téléphones – avant le développement d’une application dédiée, disponible pour les appareils Android ou iPhone.

Facebook, né en 2004, avait réagi en expliquant qu’en effet, avant la création d’une appli standardisée, une soixantaine de fabricants comme Amazon, Apple, Blackberry, HTC, Microsoft et Samsung, avaient collaboré avec lui pour adapter une interface de la plateforme sur leurs appareils.

Il avait en revanche affirmé que l’accès aux données personnelles n’était pas possible sans l’accord de l’usager, qu’il n’avait pas connaissance d’un mauvais usage de ces données par les groupes en question et qu’il avait commencé à mettre fin à ce type d’accords avec les fabricants.

Nouveau boulet au pied

« Que Facebook ait laissé des fabricants d’appareils comme Huawei et TCL accéder à ses interfaces soulève des inquiétudes légitimes et j’ai hâte de savoir comment le groupe s’est assuré que les informations sur ses usagers n’étaient pas arrivées jusqu’à des serveurs chinois », a réagi le sénateur démocrate Mark Warner, vice-président de la commission sur le renseignement.

Ces révélations tombent d’autant plus mal qu’elles interviennent dans un climat d’extrêmes tensions entre Pékin et Washington, sur fond de menace de guerre commerciale via des taxes douanières punitives. Et c’est un nouveau boulet au pied de Facebook, déjà cloué au pilori depuis l’éclatement mi-mars du scandale Cambridge Analytica.