A la cité des 3000, à Aulnay-Sous-Bois (Seine-Saint-Denis), le 7 février 2017. / GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Soupçonné d’être impliqué dans une vaste escroquerie aux aides publiques, Théo L., devenu un symbole des violences policières après avoir été grièvement blessé lors de son interpellation en 2017 à Aulnay-sous-Bois, est sorti libre de garde à vue mercredi 5 juin. Un de ses frères, Mickaël, doit être présenté à un juge jeudi, a-t-on appris auprès du parquet de Bobigny.

Quatre autres personnes interpellées en même temps qu’eux mardi matin, parmi lesquelles un autre frère de Théo, Grégory, sont également ressorties libres, mais « le juge d’instruction appréciera ultérieurement les suites à donner à leur garde à vue », a précisé le parquet. La justice les soupçonne d’avoir détourné des centaines de milliers d’euros d’aides publiques octroyées dans le cadre du dispositif des « emplois d’avenir », par le biais d’associations et de sociétés.

L’affaire implique notamment une association de médiation, Aulnay Events, présidée par un frère aîné de Théo, Mickaël, et qui était située à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). L’enquête, confiée à la police judiciaire de la Seine-Saint-Denis, avait été ouverte à la mi-2016, soit plusieurs mois avant l’interpellation de Théo L. Une information judiciaire a ensuite été ouverte au début d’août 2017 contre X.

L’avocat de Théo, Antoine Vey, a estimé qu’il était « pour le moins malheureux » que les membres de la famille aient été placés en garde à vue alors qu’ils étaient « en train de fixer les dates d’audition ». Pour Me Vey, l’interpellation de Théo – qui a, selon lui, simplement reçu « des sommes correspondant à son activité dans les associations » de son frère Mickaël – relève de l’« opération de communication » pour faire croire « à l’opinion publique que c’est un délinquant ».

Des irrégularités liées à l’utilisation de subventions

L’enquête avait débuté à la suite d’un signalement en 2015 de l’inspection du travail concernant une association de médiation d’Aulnay-sous-Bois, Aulnay Events, présidée par un frère de Théo L. Une deuxième association, domiciliée dans le 18e arrondissement de Paris, a également fait l’objet d’un signalement en avril 2017.

Les inspecteurs du travail ont relevé des irrégularités dans l’utilisation de subventions pour l’embauche de contrats aidés notamment. Les enquêteurs s’interrogent sur la réalité de ces emplois et sur des versements à des membres de la famille, dont à Théo L., selon une autre source proche de l’affaire. Les sommes pourraient s’élever à des centaines de milliers d’euros.

Le frère de Théo L. s’était défendu dans Le Parisien d’avoir employé des salariés fantômes. Il affirme avoir recruté en CDI plus de trente salariés pour assurer les activités d’Aulnay Events, dont des membres de sa famille. Sur la page Facebook intitulée « Justice pour Théo », administrée par la famille, un message publié mardi matin soulignait que Théo était sorti lundi de l’hôpital où il s’était vu retirer la poche médicale qu’il portait depuis sa blessure.

« Certainement que la justice fera son travail, toute la situation sera éclaircie. Cependant : qu’est-ce qui effacera tous ces traumatismes que l’on nous inflige ? », est-il écrit.