Un salarié devant l’usine de Blanquefort, dans la Gironde, appartenant au groupe automobile américain Ford. / NICOLAS TUCAT / AFP

Longtemps considéré comme l’un des plus solides employeurs de la région bordelaise, le groupe automobile américain Ford a annoncé jeudi 7 juin dans un communiqué vouloir mettre en œuvre un plan social à Blanquefort (Gironde), usine dont la production cessera en 2019.

« Ford Aquitaine Industries a présenté un plan de sauvegarde de l’emploi [PSE] complet qui inclut des programmes de redéploiement et de préretraite, ainsi que des mesures pour aider les salariés à rejoindre de nouveaux employeurs dans l’hypothèse où aucun repreneur ne serait trouvé et où le site devrait fermer », a précisé le constructeur.

Le groupe automobile américain a néanmoins précisé que la priorité demeurait « la recherche d’un repreneur présentant un plan de reprise viable » pour ce site produisant des boîtes de vitesse, estimant que de « bons progrès » avaient déjà été réalisés.

« Hypocrite impuissance »

Les réactions n’ont pas tardé, à commencer par celle du ministre de l’économie Bruno Le Maire. « Des discussions pour céder le site à un industriel sont actuellement en cours. A ce stade, une reprise de la totalité des salariés apparaît possible, et l’ouverture d’un plan de sauvegarde de l’emploi ne semble donc pas justifiée », a déclaré M. Le Maire, qui « regrette vivement cette décision ».

Du côté de la CGT, la colère visait tant le constructeur automobile que le gouvernement. « Le départ de Ford est injustifiable et inacceptable. Nous exigeons toujours le maintien de l’activité et des emplois par Ford, qui a reçu des aides publiques pendant des années. Nous exigeons que l’Etat et les pouvoirs publics arrêtent leur hypocrite impuissance, qu’ils imposent enfin à Ford de respecter ses engagements et ses obligations à l’égard des salariés », s’est indigné Philippe Poutou, délégué CGT de l’usine et ancien candidat du NPA à la présidentielle.

« Nous ferons tout pour renverser le cours des choses, nous ne nous résignons pas », a-t-il déclaré, reconnaissant néanmoins une situation « quasi désespérée ».

Selon les syndicats, depuis 2013, Ford a reçu au total 50 millions d’euros de financements publics en échange de la garantie de maintenir un millier d’emplois sur le site pendant cinq ans. Mais l’accord a pris fin dans les derniers jours de mai, ce qui, pour les élus et les syndicalistes, n’est pas étranger à l’annonce de Ford Europe de quitter son usine girondine.

Patrons de collectivités et élus néo-aquitains, fortement impliqués depuis l’origine dans cet épineux dossier, ont apporté leur soutien aux salariés en dénonçant à l’unisson cette « décision incompréhensible », dans un communiqué signé notamment par le socialiste Alain Rousset pour la région et le président (de droite) de Bordeaux-Métropole, Alain Juppé.

Grâce aux aides des collectivités, soulignent-ils, l’usine de Blanquefort « dispose d’un outil de production et de compétences répondant aux dernières exigences de l’industrie automobile ». Ils demandent donc à l’Etat de « peser de tout son poids » dans la négociation avec Ford, dont la décision n’est selon eux « motivée que par des arguments purement financiers » et « n’offre absolument aucune garantie sur la reprise future de FAI ».

Licenciement en septembre 2019

A la fin de février, Ford avait annoncé qu’il cessait tout investissement dans son usine Ford Aquitaine Industries (FAI) et que le groupe cherchait un repreneur pour ce site. Implantée dans l’agglomération bordelaise depuis 1972, l’usine emploie à ce jour quelque 900 personnes.

Ford a également annoncé jeudi avoir pris l’engagement de ne pas licencier avant septembre 2019. « Cela donne le temps aux salariés d’examiner toutes les options que présentera FAI, tout en apportant une sécurité financière », a fait savoir le groupe dans son communiqué.

Des discussions sont engagées avec le fabricant strasbourgeois de boîtes de vitesses Punch Powerglide pour une reprise du site. Mais, selon une source syndicale, la direction du constructeur estime qu’un long chemin reste à parcourir avant de trouver un accord.