« Lure est un cas emblématique, reflétant ce qui se passe partout » : une petite ville de 8 300 habitants, non loin des Vosges, où les services publics, « surtout dans le champ de la santé, reculent depuis quarante ans », résume Michel Antony, cofondateur de la Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et des maternités de proximité. / SEBASTIEN BOZON / AFP

Elles réclament une « véritable égalité d’accès aux soins » en France. Des associations de défense des hôpitaux de proximité ont dénoncé, samedi 9 juin, des territoires « souffrant de plus en plus de la désertification sanitaire » et des « économies budgétaires ».

« Partout », les médecins manquent : 20 à 30 % des postes hospitaliers « sont vacants », 30 % des généralistes ont plus de 60 ans et ne trouvent pas de remplaçants, et « un tiers des Français », éloignés des services de santé, « renonce à des soins », détaille, dans un communiqué, la Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et des maternités de proximité, réunie samedi 9 juin pour ses « rencontres nationales » à Lure (Haute-Saône).

Regroupements hospitaliers, fermetures d’urgences, de maternités, de blocs opératoires, concentration accrue pour « faire des économies », pénurie de médecins libéraux : les politiques publiques « détruisent le maillage territorial » en matière de santé, a déploré, lors d’un point de presse, la présidente de la Coordination, Hélène Derrien.

La coordination, qui compte une centaine de comités adhérents, pointe notamment « l’épée de Damoclès » soulevée par le dernier avis du Haut Conseil pour l’avenir de l’Assurance-maladie (HCAAM), publié mardi, qui préconise la création de 600 établissements de santé communautaires recentrés sur des activités de médecine polyvalente.

« Une maternité, un bloc opératoire, un service d’urgences »

Mais « notre définition des hôpitaux de proximité, c’est une maternité, un bloc opératoire et un service d’urgences avec service mobile de réanimation [Smur] », sinon l’hôpital devient une « coquille vide », a-t-elle poursuivi.

Les inégalités vont s’aggraver et « il ne va pas faire bon vivre entre deux métropoles », prévient la Coordination. De plus, la pénurie de médecins touche aujourd’hui « les grandes villes, même Paris ». Elle prône donc « la remise en cause de la liberté d’installation des médecins ».

« Aujourd’hui, kinés, pharmaciens, infirmiers sont tous régulés, mais pas les médecins », a regretté Mme Derrien, proposant un « service sanitaire » d’un nouveau genre, où les étudiants en médecine s’engageraient à exercer « quelques années, par exemple trois à cinq ans », dans les territoires sous-dotés, a-t-elle détaillé. La Coordination souhaite aussi « réguler le numerus clausus », « refonder les études médicales » et développer des « centres publics de santé » en lien avec la médecine libérale.