« Sea of Solitude », pause rafraîchissante dans un océan d’annonces sans surprise, développée par le studio berlinois Jo-Mei Games. / Electronic Arts

Ce samedi 9 juin avait lieu à Los Angeles l’« EA Play » de l’éditeur américain Electronic Arts, première d’une série de conférences préalables à l’ouverture mardi des portes de l’E3, le salon du jeu vidéo le plus important du monde.

Et pour la première annonce de cette première conférence, Electronic Arts (EA) a donné le ton : Battlefield V, le prochain épisode de sa célèbre série de jeux de tir, intégrera un mode « battle royale ». Comme l’ultra-populaire jeu Fortnite qui obsède ces derniers mois la planète « gamer ». Comme tous les jeux, à vrai dire, qui espèrent capitaliser sur l’incroyable succès de ce genre nouveau où 100 joueurs, chacun pour soi, s’affrontent sur un gigantesque terrain de jeu.

C’est évidemment une annonce d’importance, une annonce poids lourd pour un jeu mastodonte qui s’annonce superbe. Mais c’est aussi une annonce totalement sans surprise, que tout le monde a vu venir à des kilomètres.

Le ton, disait-on, était donc donné d’emblée.

Battlefield 5 Official Multiplayer Trailer
Durée : 01:46

Le jeu en tant que service

Et de fait, Electronic Arts est une entreprise plus connue pour ses jeux de sport (le jeu de foot FIFA, mais aussi des jeux de football américain, de hockey, de basket, très populaires aux Etats-Unis) que pour ses prises de risque.

EA n’a pas fait mentir sa réputation, au point de faire d’une séquence de jeu un peu quelconque d’Anthem le point d’orgue de sa conférence.

Pour la première fois, le nouveau titre de Bioware (Baldur’s Gate, Mass Effect) s’est dévoilé en longueur, et pourtant, on n’a pas eu l’impression de voir grand-chose de neuf. Un jeu d’action mais aussi de rôle, jouable seul mais aussi en coopération, avec des grosses armures mais aussi des gros monstres, où on peut se servir de gros flingues mais aussi de réacteurs pour voler… L’impression, immédiate, d’avoir déjà vu ça dix fois.

Et on va en prendre pour des années : EA a d’ores et déjà annoncé qu’en tant que pur « game as a service », Anthem se verrait régulièrement enrichi en nouveaux contenus. La seule véritable information (qui avait malgré tout fuité quelques minutes auparavant), c’est sa date de sortie : le 22 février 2019.

Anthem - Full Gameplay Reveal Presentation | EA Play E3 2018
Durée : 20:21

A côté, les deux petits jeux d’auteur mis en avant lors de la conférence étaient autrement plus rafraîchissants. Qu’il s’agisse de Unravel Two (disponible immédiatement après la conférence), ou de Sea of Solitude, qui conte les errances et la dépression d’une jeune fille navigant dans les rues inondées d’une cité engloutie (prévu pour début 2019). Deux très jolies expériences, mais qu’on savait déjà en développement depuis quelques années.

Deux vraies nouveautés

Allez, on est médisant : deux jeux ont été annoncés lors de cette conférence.

Le premier, c’est la treizième déclinaison (on a compté) d’une série vieille de plus de 20 ans, Command & Conquer. Sauf que loin d’être le grand retour de ce pionnier du jeu de stratégie, C & C Rivals sera un jeu pour téléphone mobile.

Sympathique peut-être, mineur assurément. Deux sportifs de haut niveau sont pourtant montés sur scène pour tenter d’insuffler du rêve dans ce projet assez peu sexy, soutenus par deux commentateurs sportifs dont les démonstrations d’enthousiasme dissimulaient mal le très relatif intérêt suscité dans la salle par ce petit projet.

Des montages, montrant l’air dubitatif affiché un peu plus tôt par la présentatrice de la conférence, n’ont pas tardé à circuler sur Twitter.

L’autre vraie annonce du soir avait beaucoup, beaucoup plus de potentiel. Imaginez : Fallen Order, un nouveau jeu Star Wars, développé par l’équipe du très bon Titanfall 2, qui racontera la chute des jedi après La Revanche des Sith. De quoi réveiller instantanément l’assistance de la conférence Electronic Arts.

Et sinon, quoi d’autre ? Une vidéo ? Une image ? Un logo ? Même un écran de chargement ? Rien de tout ça. C’est même depuis le public que le membre du studio Respawn, qui n’a pas été invité à monter sur scène, a annoncé une fenêtre de sortie : fin 2019. Mais soyez assuré qu’on n’a pas fini pour autant d’en entendre parler

Fin des lootboxes

En fait il n’y avait qu’une seule vraie surprise chez EA : le faire-part de décès des lootboxes. En novembre, les « pochettes-surprises » virtuelles que l’on pouvait acheter dans Star Wars Battlefront II avaient provoqué un tollé chez les joueurs, au point d’attirer l’attention des différentes autorités de réglementation des jeux d’argent à travers le monde, et notamment en France et en Belgique. EA avait fini par les retirer du jeu.

Terminés, donc, ces coffres au contenu aléatoire, qui récompensaient les joueurs prêts à jouer des milliers d’heures… ou ceux prêts à débourser quelques dizaines d’euros.

Cela a été dit, répété, et même répété une seconde fois tout au long de la conférence : non, il n’y aura pas de lootboxes dans Battlefield V. Non, promis, elles ne reviendront plus dans Star Wars Battlefront II. Non, juré, craché, il n’y aura aucun contenu aléatoire dans Anthem, uniquement de petits bonus payants purement esthétiques, pour ceux qui voudraient par exemple changer la couleur de l’armure de leur personnage.

C’était ça, finalement, l’unique enseignement de la conférence Electronic Arts : le fait que les mouvements de colère des joueurs, leurs pétitions, leurs appels au boycott, peuvent, parfois, ponctuellement, faire plier l’industrie du jeu vidéo.