La raffinerie de sucre Tereos à Lillers (Pas-de-Calais), en novembre 2011. / PHILIPPE HUGUEN / AFP

Les cours mondiaux du sucre ont fondu. Ils se rapprochent des plus bas niveaux de la décennie. Un environnement guère favorable pour les groupes sucriers, à l’instar de la coopérative française Tereos. Plus que jamais, celle-ci souhaite se diversifier afin d’amortir le choc subi sur les marchés mondiaux.

Or, pour accélérer cette mutation, elle a besoin de carburant financier. Alexis Duval, président du directoire de Tereos, a donc annoncé, mardi 12 juin, à l’occasion de la publication de ses résultats annuels, sa volonté « d’ouvrir le capital de la coopérative ».

Ni les modalités – entrée de partenaires financiers ou industriels, voire mise en Bourse – ni les montants n’ont pour l’heure été précisés. Mais le projet a été anticipé il y a plusieurs mois. Tereos, en effet, a mené un travail de fusion des différentes coopératives qui cohabitaient au sein de la structure pour n’en former qu’une seule. Un préalable à toute opération d’ouverture du capital.

L’entreprise a déjà eu un parcours boursier. Pour se développer hors de l’Europe, elle avait introduit ses activités internationales en Bourse, au Brésil. L’opération s’est achevée en 2015, avec le retrait de la Bourse et le rachat à Petrobras des 45 % qu’il détenait dans la filiale. Une négociation rondement menée, au moment où le cours du sucre était également bas. Le rachat de la part du brésilien s’est élevé à 187 millions d’euros.

Peu de fonds propres

« Aujourd’hui, l’endettement global du groupe est de 2,35 milliards d’euros et n’a progressé que de 200 millions d’euros depuis le rachat de Beghin Say il y a une dizaine d’années », précise M. Duval. Mais il reconnaît qu’en tant que coopérative, Tereos dispose de peu de fonds propres.

Pour l’exercice fiscal 2017, le premier après la fin des quotas sucriers européens décrétée le 1er octobre 2017, Tereos affiche un chiffre d’affaires de 4,987 milliards d’euros, en légère progression de 3 %. Le résultat opérationnel, lui, recule de 2 %, à 594 millions d’euros. Le résultat net, enfin, a viré à nouveau au rouge, à - 18 millions d’euros.

Cette perte tient compte du prix de 28,4 euros la tonne versé aux producteurs de betteraves – sachant que Tereos s’est engagée à payer un prix minimal de 25 euros la tonne pour les deux campagnes de l’après-quota. Une manière d’inciter les coopérateurs à planter plus pour saturer au mieux les usines et accroître la productivité industrielle.

A cela s’est ajouté un rendement record. Résultat, Tereos a atteint, en 2017, une production de 5,3 millions de tonnes (+ 26 %), ce qui, en volume, la place au deuxième rang dans le classement des producteurs mondiaux de sucre derrière l’allemand Südzucker. Pendant ce temps, le cours du sucre baissait de 25 %. « Le volume nous a permis de compenser la baisse des cours », affirme M. Duval, qui se refuse à toute prévision pour l’exercice en cours.