A l’appel de deux syndicats, une centaine d’agriculteurs bloque l’entrée de la raffinerie Total de Grandpuits, en Seine-et-Marne, le 11 juin 2018. / SIMON AUFFRET / « Le Monde »

La FNSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA) ont appelé, mercredi 13 juin, à suspendre les blocages de raffineries et dépôts de carburant en cours depuis dimanche, après avoir obtenu des avancées sur leurs revendications. « Il y a eu des points d’avancée, des points de déception et des engagements à travailler plus », a expliqué la présidente de la Fédération nationale des syndicats des exploitants agricoles (FNSEA), Christiane Lambert, lors d’une conférence de presse au côté du président des JA, Jérémy Decerle.

Les représentants des syndicats ont négocié avec le ministre de l’agriculture, Stéphane Travert, jusqu’à trois heures du matin, avant de se réunir à 7 h 30 pour discuter des avancées obtenues et décider de la levée des barrages. Les agriculteurs protestaient depuis dimanche contre l’importation de produits agricoles, et plus particulièrement l’huile de palme, qui ne respectent pas, selon eux, les normes françaises et européennes.

Dans la nuit, Christiane Lambert a jugé insuffisantes les propositions du ministre de l’agriculture : « Le compte n’y est pas », a-t-elle estimé. « Tout ne s’arrête pas aujourd’hui, on continue à travailler, mais l’affirmation que nous attendions, c’est la reconnaissance des distorsions » de concurrence, a-t-elle ajouté.

« Nous avons obtenu la rédaction d’un document détaillant les engagements pris lors des discussions », notait aussi, mercredi matin, Samuel Vandaele, secrétaire général des Jeunes Agriculteurs. Ce document devrait être communiqué par les syndicats dans la journée.

« Nous ne voulons pas pénaliser le consommateur »

Dans l’attente d’annonces concrètes du gouvernement et du résultat du « trilogue » européen de mercredi sur le paquet énergie européen – qui pourrait fixer la part d’agrocarburants à utiliser dans les transports, ainsi qu’une limitation sur l’importation d’huile de palme –, les deux organisations syndicales ont préféré suspendre le mouvement, qui pourrait toutefois reprendre sous d’autres formes dans les prochaines semaines.

Cette décision intervient alors que des tensions commencent à émerger sur les différents sites, après les trois premières nuits d’occupation. A Lyon, des officiers de CRS ont procédé à la levée du blocage de la raffinerie de Feyzin, qui s’est déroulée sans violence mercredi matin. A Grandpuits-Bailly-Carrois, en Seine-et-Marne, « une dizaine de camions de CRS » attendaient les agriculteurs à la levée du jour, selon un syndicaliste sur place. Les agriculteurs font aussi part de « l’exaspération » des transporteurs, bloqués dans leurs livraisons d’hydrocarbures depuis dimanche.

« Les gens sur le terrain sont responsables, assure Samuel Vandaele. Et nous n’avons pas envie de pénaliser le consommateur, mais plutôt l’encourager à prendre conscience de nos problématiques. » « On ne veut pas se faire appeler casseurs », explique aussi Arthur Courtier, président des JA dans la Seine-et-Marne.

Lors des discussions, le ministre de l’agriculture est resté inflexible sur la question de la bioraffinerie Total de La Mède, au centre des protestations des deux syndicats. « Au nom de la conservation des emplois et des engagements pris, il n’y aura pas de retour en arrière », confirment les agriculteurs. « Nous sommes assez déçus », conclut, depuis la raffinerie de Grandpuits, Arthur Courtier. Les blocages devraient être levés dans la journée.

Contre l’importation d’huile de palme, des agriculteurs bloquent des raffineries
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