L’association anticorruption Anticor va demander mercredi 13 juin au parquet de Paris l’ouverture d’une enquête pour vérifier « la probité des comptes » de la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron, Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, selon la plainte consultée par l’Agence France-Presse (AFP) et qui devrait être déposée dans la journée. Elle fait suite aux enquêtes de médias, dont Mediapart, Le Monde et Radio France.

L’organisme pointe d’éventuels délits de « tentatives de détournements de fonds publics », « abus de confiance », « abus de bien sociaux » et violation du principe d’égalité des candidats sanctionné par le code électoral.

La « responsabilité » des membres de la CNCCFP

Anticor accuse ainsi le chef de file de La France Insoumise et la présidente de l’ex-Front national d’avoir « tenté de détourner de l’argent public au moyen de remboursements par l’Etat de frais de campagne qui n’avaient d’autre but que de servir leur intérêt ou l’intérêt de leurs proches ».

L’association reproche au président de la République « Emmanuel Macron et de manière moins importante à Benoît Hamon d’avoir profité de ristournes, remises, rabais, venant minorer leurs dépenses de campagne », en violation du principe d’égalité entre les candidats. Des rabais qui pourraient être constitutifs d’« abus de biens sociaux » pour les prestataires qui les ont accordés.

Enfin, elle demande de vérifier la « responsabilité » des membres de la Commission nationale des comptes de campagne (CNCCFP). En cause : l’acceptation de frais qui n’auraient pas dû l’être, comme l’a affirmé un rapporteur démissionnaire, et la validation de remises qui constituent, pour Anticor, un financement par des entreprises, ce qui est illégal.

Dysfonctionnements qui « affectent la démocratie »

« L’objectif est de réaliser une analyse systémique des pratiques des partis qui utilisent le financement politique parfois pour des motivations étrangères à la campagne mais aussi de pointer du doigt le mauvais fonctionnement de la CNCCFP. L’ensemble de ces dysfonctionnements affecte la démocratie », a déclaré à l’AFP Jérôme Karsenti, l’avocat d’Anticor.

« La justice doit dire clairement si les surfacturations ou les sous-facturations sont légales. Les responsabilités de tous les protagonistes de ces campagnes doivent être établies », a commenté le président de l’association Jean-Christophe Picard.

Vendredi, une autre association, le Front républicain d’intervention contre la corruption (Fricc), a annoncé son intention de porter plainte, auprès du parquet de Paris, pour « financement illégal de campagne électorale », visant Emmanuel Macron.