A l’occasion de l’E3, Nintendo a dévoilé « Super Smash Bros. Ultimate » et tenu un tournoi sur son futur jeu de combat phare. / Jordan Strauss / Invision for Nintendo

C’est le jeu phare de Nintendo à l’E3, le salon du jeu vidéo qui se tient à Los Angeles du mardi 12 au jeudi 14 juin. Le numéro 1 historique du secteur a longuement présenté le titre qui lui servira de bateau amiral pour les fêtes de fin d’année – il sort le 7 décembre. Pixels a pu essayer ce jeu de combat qui réunit une soixantaine de personnages de différentes licences. Et s’entretenir avec Bill Trinen et Nate Bihldorff, directeur marketing et responsable localisation pour Nintendo of America, par ailleurs joueurs et traducteurs de la série depuis près de deux décennies.

Le Monde : Beaucoup de jeux Switch sont des portages de la Wii U, et beaucoup s’attendaient à un portage de Super Smash Bros. Wii U. Ce n’est pas le cas. Pourquoi ce choix ?

B. T. : Il n’y a jamais eu de portage d’ancien Smash Bros., chaque nouvelle sortie était un nouvel épisode. Ce qui intéresse Masahiro Sakurai [le créateur de la série], c’est de faire le maximum pour Smash Bros. Il n’avait pas pu intégrer certains personnages aux versions Wii U et surtout 3DS pour des raisons techniques et il voulait pouvoir le faire désormais.

Cela a-t-il été compliqué de convaincre tous ces éditeurs de faire apparaître leurs personnages dans le jeu ?

B. T. : Non pas du tout, c’est Sakurai qui s’en est chargé et je ne pense pas que ça ait créé de problème. Smash Bros. est une licence très particulière, et pour eux c’est une bonne chose, comme ça l’est pour nous.

Question hautement politique : quels sont vos combattants fétiches ?

B. T. : J’y réfléchissais justement, et c’est amusant, parce qu’en dépit du nombre de personnages de cet épisode, je tourne globalement autour de quelques anciens, alors que les plus jeunes de l’équipe sont plutôt attirés par des combattants plus modernes. Mes préférés seraient plutôt Zelda, Yoshi et Mr Game & Watch. J’aime les personnages où quand vous mettez quelqu’un K.O., vous pouvez le faire de manière humiliante. (Rires.)

N. B. : Il adore me transformer en œuf avant de me pondre hors de l’arène. (Rires.)

B. T. : J’aime les personnages contre lesquels les gens auraient honte d’être mis K.O. (Rires.)

N. B. : De mon côté, j’essaie d’en jouer le plus mais j’ai tendance à choisir les personnages de l’épisode original, ceux avec lesquels je suis le meilleur. C’est essentiellement Captain Falcon, Mario et Ness. Il y a plusieurs raisons. J’aime les persos rapides – ceux qui sont gros et lourds, avec une grosse zone de collision, je n’aime pas trop. J’aime bien pouvoir aller vite, attraper facilement mon adversaire et placer des combos. Mais j’y joue depuis si longtemps, je ne suis plus objectif, c’est aussi qu’ils me sont très familiers. Et puis il y a l’attachement aux franchises. Zelda est ma série culte, la Zelda de Bill est redoutable, mais mon Link n’est pas mal non plus.

Il y a une inertie plus prononcée toutefois dans cet épisode, avec des personnages plus lents mais des coups plus rapides…

N. B. : La vitesse et l’inertie ont changé, en effet. Par ailleurs, quand on est en mouvement, que l’on s’approche d’un objet et qu’on le frappe, cela le projette plus loin. Je pense que cela le rapproche de la version GameCube, qui était différente de la Wii U.

Smash Bros. est aussi une série qui sert à promouvoir les univers de Nintendo. Le fait que Smash Bros. Ultimate introduise le personnage de Ridley, le méchant récurrent de la série Metroid, alors que de nombreux joueurs attendaient des nouvelles de Metroid Prime 4, c’est lié ?

N. B. : (Rires.) Non pas vraiment. Il y a des joueurs qui adorent une franchise et rentrent dans Smash Bros. pour la retrouver, et l’inverse existe aussi. On a vu par exemple des joueurs qui ne connaissaient pas du tout l’univers de Fire Emblem avant Smash Bros. et qui sont tombés amoureux des combattants et ont voulu explorer leur univers. Idem pour Zelda. Rien ne peut être mieux que ça. Et ce n’est pas seulement le personnage, c’est aussi les niveaux, les musiques, etc.

Ridley, personnage de « Metroid » adapté dans « Super Smash Bros. Ultimate ». / Nintendo

Y a-t-il une raison pour laquelle Metroid Prime 4 n’a pas été mentionné lors du Nintendo Direct ?

B. T. : Metroid Prime 4 est toujours en développement. Ce n’est pas comme si nous avions arrêté de travailler dessus.

Tout semble indiquer que le projet connaît un développement compliqué.

N. B. : Tous les développements sont compliqués, vous savez.

Mais certains plus que d’autres…

N. B. : Je vois ça autrement. L’an dernier était le premier E3 de la Switch, nous l’avions lancée sans qu’elle soit présentée au salon l’année précédente. Nous voulions montrer non seulement du court terme, mais également un peu de long terme. Historiquement (à la période Wii U), on utilisait l’E3 pour se concentrer sur les six à neuf mois à venir, et nous revenons à ce schéma. L’autre chose, c’est que Breath of the Wild est un bon exemple de cela, on l’a montré à l’E3 plusieurs années avant de le sortir, il y a eu un fossé. C’est notre seconde manière d’envisager l’E3. Pour Metroid Prime 4, nous sommes dans cette logique. Nous le montrerons quand nous serons en mesure d’épater les joueurs.

Il y a par ailleurs de vieilles séries comme F-Zero, Wave Race, 1080° Snowboarding, que les joueurs trentenaires aimeraient voir revenir. Mais Nintendo donne l’impression de se concentrer uniquement soit sur de jeunes licences montantes comme Splatoon, ou de vieilles licences au succès commercial prouvé, comme Mario Kart ou Smash Bros. Peut-on espérer les revoir ?

N. B. : Oh, il y a une chance de les voir revenir. C’est la beauté de Nintendo, il y a un tel catalogue à notre disposition, on a de la chance.