Amphithéâtre à l’Unistra, université de Strasbourg / CATHERINE SCHRÖDER /UNISTRA VIA CAMPUS. / CATHERINE SCHRÖDER /UNISTRA VIA CAMPUS

L’idée est d’apporter un peu de ciment dans une Union européenne qui se craquelle. Alors que la Grande-Bretagne cherche toujours un chemin pour quitter les Vingt-Sept, le Conseil de l’Union européenne a apporté son soutien, mardi 22 mai, à la création d’une carte d’étudiant européenne. Un sauf-conduit dans l’Europe estudiantine, où un Madrilène pourrait goûter librement la cuisine du restaurant universitaire d’Aalto en Finlande, où les bibliothèques des plus grandes universités seraient ouvertes à tous les jeunes Européens, quel que soit leur établissement d’origine.

Objectif : « améliorer la mobilité à des fins d’apprentissage, en réduisant la charge et les coûts administratifs que doivent supporter les étudiants et les établissements d’enseignement et de formation », souligne la Commission européenne dans un communiqué. En clair, il s’agit d’instiller un peu d’huile dans les rouages administratifs. « Aujourd’hui, les étudiants européens en mobilité [hors Erasmus] doivent se soumettre à des procédures administratives nombreuses avant le départ, dans leur établissement d’origine, pendant le séjour dans l’établissement d’accueil et à leur retour », énumère Jean-Paul Roumegas, coordinateur du projet de carte d’étudiant européenne. Avec ce futur outil, le statut d’étudiant pourra être reconnu dans n’importe quel pays.

Le projet n’est pas totalement neuf. La France et quelques universités pilotes ont amorcé le mouvement en 2012 avec trois partenaires : l’Italie, l’Allemagne et l’Irlande. En France, les universités de Strasbourg et Mulhouse ont naturellement pris l’initiative avec leurs homologues allemandes de Karlsruhe et Fribourg, et l’université de Bâle en Suisse. Les cinq établissements forment le campus européen Eucor, pionnier sur ce projet.

L’internationalisation est « dans l’ADN de notre région, explique Damien Braun, responsable du pôle stratégie et transformation numérique à l’université de Strasbourg. Beaucoup d’étudiants suivent leur cursus sur différents campus. Avoir accès sans paperasserie à tous les services auxquels ils ont accès dans leur établissement d’origine est une réponse à leurs besoins. »

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Quels sont les services que les universités européennes pourraient ouvrir à tous les étudiants ? L’accès au restaurant universitaire et aux bibliothèques a été retenu comme les premières portes que les établissements pourraient ouvrir. D’autres pistes pourraient être suivies comme les prestations sociales à un prix étudiant, l’accès aux logements étudiants, l’ouverture des services numériques, l’accès aux offres culturelles à prix négocié… Pour l’heure, « les universités ne s’engagent pas à une réciprocité », avertit Jean-Paul Roumegas. La coopération et la reconnaissance de la carte d’étudiant européenne se feront sur la base du volontariat de chaque établissement.

Le Centre national des services universitaires et scolaires (Cnous) porte le projet pour la France. Moteur de la création et de la dissémination, l’institution souligne dans un communiqué la nécessité d’une forte volonté politique pour que la carte européenne devienne une réalité : « De même que les pays de l’Union européenne ont su créer un passeport européen, ils peuvent se donner les moyens de créer une carte d’étudiant. »