Drôle de poussin. / MAXIM SHEMETOV / REUTERS

Le Tsar d’hier

Un vent en mondovision. / CARL RECINE / REUTERS

Au cœur d’une sélection russe dont les plus pessimistes prédisaient une élimination dès le premier tour, il concentrait les rares espoirs de la « Sbornaïa ». Alksandr Golovin a été le grand artisan de la « manita » collée à l’Arabie saoudite par la Russie en ouverture de sa Coupe du monde (5-0), jeudi 14 juin. Auteur de deux passes décisives et d’un amour de coup franc en toute fin de match, le jeune milieu du CSKA Moscou (22 ans) s’est affiché en patron et a assumé son statut de chef d’orchestre de la sélection hôte.

Annoncé partant pour un club plus huppé à l’issue du tournoi, nul doute que la cote du milieu de terrain a pris quelques millions lors du premier match. Balayant l’été dernier une offre de 9 millions d’euros d’Arsenal (Angleterre) pour leur petit prodige, les dirigeants du CSKA sont assurés de pouvoir négocier un chèque largement supérieur dans les prochaines semaines. Les prestations de Golovin sont particulièrement appréciées à Londres : en plus du nouveau club d’Unai Emery, le Russe est sur les tablettes de Chelsea, qui en ferait son favori pour remplacer Juan Mata (Espagne) dans l’entrejeu. En France, Monaco serait à l’affût.

Déjà présent lors de l’Euro 2016, où il n’avait rien pu faire pour empêcher la déroute de son pays, Golovin s’est fait un nom en Russie dès l’adolescence, où son histoire de petit forçat du ballon fait le bonheur des titres spécialisés. Car le jeune Aleksandr n’a pas grandi dans la région propice à l’apprentissage du football. Originaire de Kémérovo, en Sibérie centrale, il a dû se contenter du futsal ou parcourir trente kilomètres pour évoluer sur un vrai terrain ; distance que s’imposera quotidiennement son père.

Refusé par le Spartak Moscou à l’âge de 11 ans, il est repéré trois ans plus tard par l’autre club de la capitale, le CSKA. Il y grandira jusqu’à devenir une pièce maîtresse de l’équipe première et s’ouvrir les portes de la sélection, qu’il intégrera ses dix-neuf bougies à peine soufflées. Lors de sa – sans doute – dernière saison avec le CSKA (2017-2018), Golovin s’est distingué en inscrivant un coup franc décisif face à Lyon, en huitièmes de finale retour de la Ligue Europa.

La Mère Partie

De l’utilité de l’entraîneur sur un banc de touche : le débat qui agite le monde du football sera définitivement tranché dès la deuxième journée de compétition et l’affrontement entre l’Espagne et le Portugal, à 20 heures à Sotchi. Coupable d’avoir négocié son arrivée prochaine à Madrid dans le dos de sa fédération, Julen Lopetegui a été invité à passer les rênes de la Roja à Fernando Hierro, à deux jours de leur entrée dans la compétition. Le patron du foot espagnol, Luis Rubiales, doit être particulièrement sensible pour virer à la veille d’un Mondial un entraîneur invaincu en deux ans et soutenu par son vestiaire.

Sergio Ramos et son adjoint. / LUCY NICHOLSON / REUTERS

La tâche s’annonce ardue pour Fernando Hierro, directeur sportif jusque-là, qui doit surtout sa promotion expresse à sa présence physique en Russie. Ramos et consorts vont donc expérimenter l’auto-coaching en pleine Coupe du monde. Le capitaine du Real et de la sélection s’est fendu d’un tweet d’unité nationale dès le licenciement de coach Lopetegui annoncé. Ne manquerait plus que Barcelonais et Madrilènes se fassent la tronche en Russie.

Avant même la controverse de Krasnodar, qui nous rappelle un peu notre Knysna de 2010, le match Espagne-Portugal était clairement l’affiche du premier tour du tournoi. Titrée il y a huit ans mais balayée dès le premier tour au Brésil, l’équipe de Sergio Ramos sera attendue au tournant face aux champions d’Europe, emmenés eux aussi par un entraîneur-joueur de la Casa Blanca.

Du côté de chez Vlad

La patte de l’expert. / DYLAN MARTINEZ / REUTERS

A chaque compétition sa bête à pronos. La Gazette vous présente l’héritier du regretté « Paul le poulpe » : Achille le chat. Le membre de la « Brigade féline de lutte contre les rongeurs » du musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg n’a pas raté ses débuts dans la compétition. Invité à choisir le vainqueur du match d’ouverture, Achille a choisi le bol de croquettes aux couleurs russes. Pour les mauvaises langues qui le soupçonneraient d’avoir été mis dans la confidence, sachez que le pronostiqueur en chef du Mondial est sourd.

Moins inspirés, des hippopotames d’un zoo de Kaliningrad avaient prédit un match nul. Comme quoi, on ne sait toujours pas qui est le plus fort entre l’hippopotame et l’éléphant, mais on sait que le chat est meilleur pronostiqueur que l’hippopotame.

L’œil de Moscou

Lu, vu, entendu à la Coupe du monde de football

« En ce qui concerne nos femmes russes, elles décideront elles-mêmes »

Quand de vilains esprits douteront toujours de la conception russe des libertés individuelles, Dimitri Peskov a pris soin de rappeler que ses compatriotes, « les meilleures au monde », disposaient librement de leur corps. Le porte-parole réagissait aux mises en garde adressées à la gente féminine par la députée communiste Tamara Pletneva.

One girl one cup. / KIRILL KUDRYAVTSEV / AFP

Anticipant la bestialité des supporteurs présents au pays pendant un mois, la parlementaire a déconseillé tout réchauffement des relations avec l’étranger. Sa crainte ? La naissance dans neuf mois d’une flopée d’enfants privés de pères, repartis sitôt leur équipe favorite éliminée du Mondial. Rappelant le précédent des Jeux olympiques organisés en 1980, Tamara Pletneva a conseillé aux Russes de « donner naissance à [leurs] propres enfants ». « [Si les pères] sont d’une race différente, c’est fatal. »

Faisant fi des accusations de racisme qui ont suivi la sortie de l’élue, Dimitri Peskov a rappelé que « maintenant, le principal, c’est d’apprécier le football ». Mais pas que, donc.

Komintern

La Coupe du monde est surtout l’occasion pour les journalistes de recevoir une flopée de communiqués sans intérêt. Mais ce serait bête qu’ils meurent oubliés dans nos spams.

Tu as posé tes valises à Moscou en pleine Coupe du monde et tu ne sais pas où te restaurer ? Le restaurant le Savva, au Metropol Hotel, a pris attache avec la Gazette pour informer ses lecteurs qu’ils pourront y déguster « The Ceremony », un mets traditionnel russe à base de thé aux herbes Altai et de miel biologique.

Toujours pas convaincus ? La cantine n’a pas son pareil pour vous convaincre : « Cette saison, les stars du Football Julien Faubert, Florent Sinama-Pongolle, Samuel Eto’o, Peter Odemwingie et Abdoulaye Diagne-Faye ont eu la chance de découvrir cette cérémonie au Savva. »

Pourquoi citer Julien Faubert avant Samuel Eto’o ? On ne sait pas. Mais ce communiqué contient au moins une information : Odemwingie est toujours de notre monde footballistique. Il jouerait désormais en Indonésie, où il a inscrit treize pions en quinze matchs après le Madura United FC. Sniper.

Pouchkine ball

La Gazette est aussi poète. Chaque jour, Alexandre Pouchkine conclura de quelques vers votre publication préférée.

« La rumeur vole et se répand,

Toute l’Ukraine bruit sourdement :

’Il a trahi, il a osé

Aux pieds de Charles déposer

Son glaive soumis !’ La flamme fusa,

Se leva l’aube sanguinaire

De la révolte. »

Alexandre Pouchkine, Poltava

Hasta luego Lope !

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  • Du live

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