Le trio rock rennais The Married Monk. / ELIE JORAND

La série « YouTubothèque » invite des artistes à choisir leurs œuvres favorites sur la plateforme de vidéos en ligne YouTube. Une carte blanche permettant de s’ouvrir à leurs différentes influences, qu’elles soient musicales, cinématographiques, littéraires, voire au-delà de la sphère culturelle.

On célébrait récemment la reformation sur scène de Marquis de Sade, pionniers de la scène rock rennaise. Plus discrètement, une autre figure locale, The Married Monk, est sortie de son sommeil de dix ans. Le groupe breton, fondé en 1993 par Christian Quermalet, a contribué à désinhiber la pop française anglophone durant les années 1990 et 2000 en signant cinq albums - notamment The Jim Side (1996) et The Belgian Kick (2004) - brouillant habilement les pistes entre indie rock, disco, new wave, electro pop...

Le « moine marié » version 2018 évolue en configuration trio, soit l’indispensable Christian Quermalet, le fidèle Jean-Michel Pirès à la batterie, et un nouveau membre, Tom Rocton, multi-instrumentiste et arrangeur. The Married Monk a choisi de privilégier la matière neuve avec un nouvel album, Headgearalienpoo, paru chez Ici d’Ailleurs. On y retrouve leur fin talent de mélodiste, un traitement artisanal, et bonne dose de dérision – le single Gravity, entêtant et dansant, ou encore la splendide ballade nappée de violons Love Commander Strikes Again. Enfin, et c’est quasi une tradition à chaque album, une reprise minimaliste et spectrale du Siamese Twins de The Cure, qui contraste avec la nature rayonnante du reste de l’album. The Married Monk, ou l’art de convoler là où on ne l’attend pas.

Chris Knox - « Inside Story » (Flying Nun Records 1993)

Chris Knox - Inside Story (Music Video)
Durée : 03:23

Christian Quermalet : J’ai découvert le Néo-Zélandais Chris Knox en 1991 avec l’album Croaker (Flying Nun Records). Génial en solo comme au sein des Tall Dwarfs, il continue toujours de me surprendre. La musique de cet OVNI « from a land downunder » est un savant mélange de post-punk minimal et endiablé (je pense à Métal Urbain entre autres) et de ballades imparables et mélancoliques à souhait. J’ai eu la chance de le voir en concert à Paris à la fin des années 1990. Le type arriva sur scène en bermuda et en tongs. L’heure et demie qui suivit fut un vrai régal. Fier de pouvoir dire : « J’y étais  ».

Death Grips - « Guillotine (It goes Yah) »

Death Grips - Guillotine (It goes Yah)
Durée : 03:48

Jean-Michel Pirès : Death Grips, parce que c est la dernière chose qui m’a vraiment excité ces dernières années ; j’aime la liberté, musicale, visuelle, c’est sale, incontrôlable, dangereux. Du rock n’roll , quoi !

Pavement - « Grounded »

Pavement - Grounded
Durée : 04:15

 Tom Rocton : Quand tu fais des études de musicien classique, tu passes ton temps à vérifier ta technique, que tu joues propre, juste, que les angles sont bien droits, les barres bien sur les T et les points sur les I. Ecouter Pavement à un volume déraisonnable a maintes fois sauvé ma santé mentale.

  • Choix commun 1 :

dEUS - « Hotellounge (Be The Death Of Me) »

dEUS - Hotellounge (Be The Death Of Me)
Durée : 06:23

Tom Rocton : J’étais en seconde. Tout le lycée est devenu hystérique quand le service jeunesse de la ville du Mans a annoncé Noir Désir dans la salle polyvalente flambant neuve du coin, qui allait enfin accueillir autre chose que du basket et Franck Michael (pas en même temps, même si cela aurait fait un happening fabuleux). Le tarif : 30 francs. Sans être particulièrement client, à ce prix là, ça se tentait. En première partie, je me suis pris dEUS dans les gencives. Je me rappelle de leur set dans les moindres détails... Je ne peux pas en dire autant de la tête d’affiche. Mélodies, bruit, exigence, textures, relief, bordel, structure, c’est pas compliqué, il y a tout dans ce groupe. Et même si j’ai décroché depuis, Vantage Point (pour être sympa), cela reste un de mes groupes phare.

CQ: Ce fut aussi l’un des premiers groupes des années 1990 à démontrer que le Royaume-Uni ne détenait plus le monopole en matière d’Indie rock.

Choix commun 2 :

The Dukes of Stratosphear - « The Mole from the Ministry »

The Dukes of Stratosphear-The Mole from the Ministry - Full Video
Durée : 06:06

The Dukes of Stratosphear, « The Beatles in disguise!!! » ont probablement hurlé certains puristes à la sortie du fantastique 25 0’Clock, le 1er avril 1985. Il s’agissait en fait d’XTC « in diguise ». Une relecture brillante, un clin d’œil au fameux quatuor de Liverpool. Partridge et sa bande démontrant une fois encore et avec maestria, leur sens aigu de la dérision et le non-sens.

The Married Monk, Headgearalienpoo (Ici d’Ailleurs)

En concert le 27 septembre à Paris, au Café de la danse