L’intersyndicale d’Air France n’en est pas encore revenue ! Les dix organisations qui la composent se disent « interloquées, consternées et sidérées par la nature des annonces » communiquées par Anne-Marie Couderc, présidente non exécutive par intérim d’Air France-KLM, et Franck Terner, directeur général d’Air France, à l’occasion du comité central d’entreprise (CCE) de la compagnie aérienne qui s’est tenu jeudi 14 juin. Alors que l’intersyndicale espérait une réponse à sa revendication d’une augmentation générale des rémunérations des personnels de la compagnie pour rattraper l’inflation, la direction n’a annoncé aucune mesure salariale.

Mme Couderc a réitéré devant les syndicats qu’elle n’avait « pas de mandat pour une nouvelle négociation salariale dans les circonstances présentes et dans l’attente de la mise en place d’une nouvelle gouvernance ». Le conseil d’administration de la compagnie franco-néerlandaise veut laisser cette prérogative au futur PDG d’Air France-KLM. Face au refus de la direction d’ouvrir de nouvelles négociations, l’intersyndicale a décidé « de maintenir son préavis de grève » prévu du 23 au 26 juin.

« C’est mépriser le vote des personnels »

A défaut d’un geste sur les salaires, la direction a préféré proposer un petit ensemble de « mesures immédiates pour améliorer le quotidien des salariés ». Un volet d’actions pour en finir ou réduire ce qu’Air France nomme « les irritants de la vie quotidienne » des personnels de la compagnie. Elle propose ainsi « la rénovation des locaux de piste à Orly ou encore l’augmentation de la disponibilité des chambres de repos dans les locaux d’Air France pour les navigants ».

Outre ces mesures, la direction propose aussi de recueillir par le biais d’une plate-forme numérique ou des groupes d’expression les attentes, les réclamations mais aussi les propositions des personnels pour améliorer la vie quotidienne dans l’entreprise et « réinstaller un dialogue ». Ces annonces « ne correspondent pas aux enjeux. C’est vraiment mépriser le vote des personnels », se désole Karine Monségu, cosecrétaire générale de la CGT Air France.

Le 4 mai, les 47 000 salariés de la compagnie ont voté à plus de 55 % contre le projet salarial de la direction. « Nous réclamons des augmentations de salaires et Mme Couderc nous répond qu’elle n’a pas de mandat pour négocier mais à la place elle va changer la peinture » des chambres de repos, ironise la déléguée syndicale.

De son côté, Philippe Evain, président du Syndicat national des pilotes de ligne, déplore que « le dialogue social ne soit pas au menu ». Selon lui, la direction et le conseil d’administration « croient toujours que la grève va s’arrêter ». Que le résultat de la consultation aura été plus l’expression d’un ras-le-bol qu’une volonté d’obtenir une augmentation des rémunérations.

« Le conseil d’administration est hors-sol »

« Le conseil d’administration d’Air France-KLM est hors-sol, complètement coupé des réalités des salariés », fustige Mme Monségu. Selon elle, les quatre prochaines journées de grève risquent d’être très suivies. « Pour allumer le feu, il n’y a même plus besoin d’allumettes », souligne la cégétiste. L’intersyndicale se réunira lundi 18 juin pour examiner la situation.

Dans un entretien aux Echos, jeudi 14 juin, Mme Couderc confirme le refus du conseil d’administration d’Air France-KLM d’accorder une « des mesures salariales, afin de ne pas obérer la marge d’action de la future gouvernance ». Les trois mois de conflit ont déjà coûté de 300 à 350 millions d’euros à Air France. Chacune des quatre prochaines journées de grève, qui tombent au moment des départs en grandes vacances, pourrait ajouter plus de 30 millions d’euros à cette facture.

C’est la raison pour laquelle la présidente par intérim veut aller vite pour trouver un successeur à Jean-Marc Janaillac. Anne-Marie Couderc souhaiterait « que le choix du candidat soit fait avant le 15 juillet ». Les prétendants seraient nombreux, mais pas forcément des spécialistes du transport aérien.