La communauté asiatique rendant hommage à Chaolin Zhang, le 7 août 2017, un an après sa mort. / PHILIPPE LOPEZ / AFP

C’est un procès sensible qui s’est ouvert aujourd’hui à Bobigny, celui de deux jeunes hommes, accusés de l’agression mortelle d’un couturier chinois à Aubervilliers en 2016. Avec une question latente : cette affaire est-elle un vol qui a mal tourné ou un crime raciste ?

Agés de 17 et 19 ans à l’époque, les deux accusés sont jugés jusqu’à mardi, à huis clos, par la cour d’assises des mineurs de Seine-Saint-Denis. Ils comparaissent pour « vols avec violence ayant entraîné la mort » et, pour avoir également frappé un ami de la victime, une « ITT de moins de huit jours », avec la circonstance aggravante de « racisme ».

Le 7 août 2016, ils avaient, avec un troisième adolescent, violemment agressé Chaolin Zhang, couturier chinois de 49 ans, ainsi que son ami, lui aussi d’origine chinoise, pour s’emparer de la sacoche de ce dernier. Victime d’un violent coup de pied, Chaolin Zhang avait lourdement chuté au sol. Il était mort à l’hôpital quelques jours plus tard.

Des milliers de manifestants

Cette agression avait suscité une forte colère parmi la communauté asiatique et des milliers de personnes avaient manifesté dans les rues de Paris et d’Aubervilliers pour dénoncer le « racisme antiasiatique », des agressions à répétition et réclamer plus de sécurité.

Les deux avocats des accusés espèrent que ce dossier ne deviendra pas « un exemple ». Pour Steeve Ruben, avocat d’un des accusés, cette agression qui « tourne mal » est d’abord un « délit de proximité ». Il assure que les mis en cause auraient tout aussi bien pu voler « des juifs ou des Portugais ».

Mais pour Calvin Job, l’un des avocats de la famille du couturier, la circonstance aggravante de racisme ne fait aucun doute : l’un des accusés a reconnu qu’ils s’en étaient pris à des Chinois, « parce qu’ils ont de l’argent », a rappelé l’avocat. Et « l’autre victime a entendu les mots “argent”, “chinois”, être prononcés », a-t-il ajouté.

La circonstance aggravante de racisme a déjà été retenue contre le troisième mis en cause. Agé de 15 ans lors des faits, il a été condamné en 2017 à cinq ans de prison, dont trois avec sursis.