Le cessez-le-feu annoncé par l’armée afghane et les talibans pour la fête de l’Aïd el Fitr, qui a marqué vendredi 15 juin la fin du mois de ramadan, a donné lieu à des scènes de fraternisation inédites dans l’histoire tourmentée du pays. Les deux parties ont été vues se donnant l’accolade et se prenant en photo ensemble.

Dans le district disputé de Bati Kot, dans la province de Nangarhar (est) près de la frontière pakistanaise, des talibans bardés d’armes et de lance-grenades sillonnaient en voiture et à moto, agitant des drapeaux afghans et talibans. Les forces afghanes tenant les checkpoints leur lançaient des félicitations pour l’Aïd al-Fitr, la fête marquant la fin du mois de jeûne musulman, tout en serrant dans leurs bras et en photographiant ceux-là même qu’ils tentent d’habitude de tuer. Des villageois entouraient également les insurgés armés, leur donnant joyeusement l’accolade et prenant des selfies.

« Je suis là afin d’offrir mes voeux pour la fête à nos frères de la police et de l’armée », a déclaré le commandant taliban Baba. « Nous avons réussi à maintenir le cessez-le-feu jusqu’à présent. Tout le monde est fatigué de la guerre et si nos dirigeants nous ordonnent de poursuivre le cessez-le-feu, nous le maintiendrons pour toujours ».

Les talibans ont toutefois précisé qu’ils continueraient leurs opérations contre les « forces occupantes » étrangères dans le pays et se défendraient « avec virulence » s’ils étaient attaqués.

Attentat attribué au groupe Etat islamique

Cette trêve, que l’Union européenne a qualifié d’« historique », est une première depuis qu’une coalition internationale menée par les Etats-Unis les a chassés du pouvoir en octobre 2001, après les attentats du 11 septembre.

Elle a toutefois été entachée par un attentat survenu samedi et attribué au groupe Etat islamique. Un kamikaze s’est fait exploser parmi une foule célébrant le cessez-le-feu dans l’est de l’Afghanistan, faisant au moins 25 morts et 54 blessés. Il n’a pas été revendiqué dans l’immédiat, mais une source de sécurité afghane l’a imputé au groupe Etat islamique.

Peu avant cette attaque, le président afghan, Ashraf Ghani, avait annoncé une prolongation du cessez-le-feu gouvernemental et demandé aux talibans d’en faire autant. « J’annonce une prolongation du cessez-le-feu » au-delà de la date prévue, a-t-il déclaré, précisant que les détails seraient rendus publics ultérieurement et que les forces de sécurité devaient rester en « position défensive ». « Je demande aussi aux talibans de prolonger leur cessez-le-feu », qui doit prendre fin dimanche. Le gouvernement afghan attendait dimanche leur réponse.