Les fans mexicains réunis sur le Zocalo, la place centrale de Mexico, dimanche 17 juin 2018. / Anthony Vazquez / AP

Ils sont les seuls à l’avoir senti. Ou presque. Dimanche 17 juin, peu avant 10 h 35, heure de Mexico, les sismographes situés à Venustiano Carranza et Coyoacan, dans la capitale mexicaine, ont enregistré une secousse, assurait dimanche l’Institut de recherches géologiques et atmosphériques (IIGEA) de Mexico. Mais rien sur les sismographes de l’USGS, l’Institut d’études géologiques des Etats-Unis.

Quelques secondes plus tôt, à Rostov-sur-le-Don en Russie, 11 000 kilomètres et huit fuseaux horaires plus à l’est, le Mexicain Hirving « Chucky » Lozano venait de marquer un but, à la 35minute du match de poules du groupe F face à l’Allemagne.

Des dizaines de milliers de supporters mexicains, rassemblés pour suivre le match sur écran géant sur le Zocalo, la place centrale de Mexico, et dans les rues de la capitale, ont fêté l’exploit comme il se doit. Et ce qui devait arriver arriva, dans cette zone propice aux séismes : la terre a littéralement tremblé dans la mégalopole au moment du but, déclenchant « un tremblement de terre de bonheur », selon les sismologues de l’IIGEA. Ceux-ci ont affirmé avoir détecté une secousse « artificielle », peut-être causée par « les bonds » des supporters déchaînés.

A Guadalajara, Toluca, Tijuana et Ciudad Juarez, dans toutes les grandes villes du pays, les supporters se sont également réunis et ont fêté la victoire de la Verde – l’un des surnoms de l’équipe du Mexique.

Phénomène connu et observé

Jérôme Vergne, sismologue à l’Ecole et observatoire des sciences de la terre à Strasbourg, confirme la possibilité du phénomène et en relativise l’importance : « Ce qui a été observé, c’est une vibration du sol, liée à un mouvement de la foule qui s’est mise à sauter de manière cohérente. On a déjà observé de tels phénomènes en France, notamment lors de la finale du Top 14 à Clermont-Ferrand, le 6 juin 2017. »

La victoire de l’équipe de Clermont-Ferrand avait occasionné plusieurs pics d’activité sismique correspondant aux mouvements du public aux moments-clés du match, et notamment lors du coup de sifflet final.

La victoire de l’équipe de Clermont-Ferrand, le 6 juin 2017, vue par les sismographes. / Jérôme Vergne, EOST

« Nous avions monté une petite expérience l’hiver dernier en installant divers sismomètres à proximité du stade de la Meinau, à Strasbourg, qui nous ont permis d’enregistrer les vibrations sismiques générées par les supporters du Racing Club (RCS) lors de trois matchs jusqu’à six kilomètres de distance », précise Jérôme Vergne.

Le sismologue signale que d’autres phénomènes sismiques équivalents ont été observés, à Barcelone lors de matchs de foot et à l’occasion du concert de Bruce Springsteen au Camp Nou en mai 2016, lors d’un marathon en Belgique, ou lors d’un match de NFL des Seattle Seahawks, en janvier 2011.