La décision de stopper le service d’autopartage pourrait être prise  jeudi 21 juin. / CHRISTOPHE ENA / AP

Jeudi 21 juin, les élus du syndicat Autolib’ Vélib’ Métropole devront décider s’ils résilient la délégation de service public avec le groupe Bolloré, signant la fin du service d’autopartage. Deux jours avant cette échéance, Marie Bolloré, directrice de la mobilité pour Blue Solutions (société du groupe Bolloré fournissant le service Autolib’) sort du silence dans une interview au Parisien, mardi 19 juin, pour dénoncer « une décision aberrante » : « En tant qu’entreprise et en tant que contribuable, nous ne la comprenons pas. »

La fille de l’industriel Vincent Bolloré estime que le syndicat aurait dû réagir plus tôt. « Nous avions alerté sur l’urgence de prendre des mesures pour relancer le service, affirme-t-elle. C’était en décembre 2016. La seule réponse qu’a eue le syndicat mixte, c’est de commander un audit. »

« Prêts à faire évoluer le modèle »

Marie Bolloré évoque plusieurs pistes d’évolution mises en avant par cet audit mais non mises en œuvre : ouverture des voies de bus aux Autolib’, fermeture des stations non rentables, baisse de la redevance pour l’occupation des places… « Nous étions prêts à faire évoluer le modèle, même pour du “free floating” [partage de véhicule sans stations], mais la moindre action doit être soumise à l’accord du syndicat mixte », regrette-t-elle.

Concernant le possible arrêt du service, jeudi, la directrice d’Autolib’ met en garde quant au coût d’une telle décision pour la collectivité : 150 millions d’euros de dettes, auxquels s’ajouteront « les coûts de résiliation des contrats de sous-traitance qui se comptent en dizaine de millions d’euros, le rachat des bornes de recharge pour 16 millions d’euros, etc. On sera proche des 300 millions d’euros. » « Nous nous battrons pour avoir notre dû », ajoute-t-elle.

Indemnités « disproportionnées »

Vendredi 15 juin, le syndicat avait estimé le coût de l’arrêt d’Autolib’ à « plusieurs dizaines de millions d’euros, soit un coût considérablement inférieur aux 233 millions d’euros exigés par le groupe Bolloré »

La maire de Paris, Anne Hidalgo, se base sur deux notes juridiques concoctées par un cabinet d’avocats privé pour faire baisser la facture. Selon la première, la jurisprudence récente établit que les collectivités ne peuvent pas payer des indemnités « “manifestement disproportionnées” au montant du préjudice subi par le concessionnaire ». Dans l’autre note, la direction juridique estime que le syndicat pourrait plaider le caractère « illicite » de l’article 61 du contrat signé entre le groupe Bolloré et le syndicat – qui engage ce dernier à payer, outre le déficit cumulé prévisionnel, l’indemnisation des licenciements des 500 salariés d’Autolib’, le rachat des voitures et des stations –, car « il prévoit un montant disproportionné et dissuasif ».

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