Laurent Brun, secrétaire général de la CGT des cheminots, lors d’une manifestation, à Paris, le 29 mai. / JACQUES DEMARTHON / AFP

Etre ou ne pas être… en grève pendant les grandes vacances. Telle est, désormais, la question qui taraude les syndicats de cheminots, alors que leur longue grève de Petit Poucet contre l’ogre réformiste macronien – petit caillou après petit caillou – va finir, jeudi 28 juin, par arriver au terme au terme de son calendrier de trois mois.

Il y a d’abord ceux qui n’hésitent pas vraiment. La fédération CGT des cheminots, premier syndicat de la SNCF, devait proposer, mardi 19 juin, aux autres membres de l’intersyndicale du groupe public ferroviaire (UNSA, SUD, CFDT) de discuter de l’organisation de trois nouveaux jours de grève contre la réforme ferroviaire lundi 2, vendredi 6 et samedi 7 juillet. Autrement dit, le premier grand week-end de départ en vacances serait transformé en journées de galère pour les usagers du train.

Plus catégorique, SUD-Rail ne fait pas dans la dentelle. « Il faut taper là où ça fait mal, dit son secrétaire fédéral, Erik Meyer. C’est-à-dire, perturber les grands départs. » Chez SUD, on ne veut plus de calendrier de grève annoncé trop à l’avance, une stratégie qui permet facilement à la direction d’organiser la riposte.

« On a surtout du mal à reconnaître qu’on a perdu cette bataille »

Et puis, il y a ceux qui se tâtent. A l’UNSA-Ferroviaire, deuxième syndicat des agents SNCF, très représenté chez les cadres, il a été décidé de consulter l’ensemble des mandants au cours d’une téléconférence nationale pour savoir si les adhérents UNSA souhaitent ou non prolonger le conflit en juillet.

Enfin, à la CFDT, personne n’a l’air très partant pour aller au-delà du 28 juin. « Faire grève contre quoi ?, demande un syndicaliste. La loi est votée ! On a surtout du mal à reconnaître qu’on a perdu cette bataille. »

C’est donc en ordre dispersé que les quatre fédérations devaient se rendre à la réunion commune du 19 juin, alors que le 32e jour de grève, lundi 18 juin, s’est soldé par un taux de gréviste de 10,8 %, le plus bas depuis le début du mouvement. Chacun mesure le risque de la décision à prendre : se couper d’une partie des cheminots en renonçant au combat ou s’aliéner une opinion publique de plus en plus – disent les sondages – exaspérée par ce long conflit.