Alors que la France est en pleine discussion sur sa feuille de route énergétique, Nicolas Hulot n’a pas mâché ses mots, jeudi sur Franceinfo. « Une des raisons pour laquelle EDF se retrouve en difficulté, c’est que, notamment, la filière nucléaire, pardon de le dire, nous emmène dans une dérive », a déclaré le ministre de la transition écologique et solidaire.

Situation d'EDF : "La filière nucléaire nous emmène dans une dérive" affirme Nicolas Hulot
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M. Hulot s’est livré à une critique en règle du nucléaire. « On voit bien que le coût de l’énergie fabriquée avec du nucléaire ne cesse de monter parce que nous n’avons pas nécessairement provisionné un certain nombre de choses, en même temps que le coût des énergies renouvelables est en train de dégringoler », a souligné le ministre.

« On voit bien qu’économiquement, il y a une espèce de règle d’or qui est en train de s’imposer dans cette filière, c’est qu’en réalité, on ne tient jamais nos promesses », a-t-il encore estimé.

« Il faut sortir des dogmatismes (…). Je pense que l’avenir d’EDF, et l’avenir notamment économique, il est d’abord et principalement dans l’efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables », a ajouté le ministre. « Qu’EDF et je pense que maintenant c’est son souhait ne manque pas l’opportunité de la transition énergétique », a-t-il encore appelé.

Ces critiques n’ont rien d’anodin : d’abord, Nicolas Hulot est le ministre de tutelle d’EDF, entreprise très majoritairement publique. Surtout, M. Hulot a défendu publiquement, en novembre 2017, le recul du gouvernement sur la loi de transition énergétique : l’objectif de réduire la part du nucléaire à 50 % de la production électrique en 2025 a été repoussé à une date ultérieure, autour de 2030 ou 2035.

Les objectifs pour les cinq prochaines années

Cette sortie de M. Hulot intervient alors que la France débat en ce moment de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), sa feuille de route énergétique, qui doit fixer des objectifs pour les cinq prochaines années. Parmi les sujets clé, figure la trajectoire de réduction du parc nucléaire.

EDF souhaiterait ne fermer aucune centrale avant 2029, et a récemment demandé, dans le cadre de la PPE, que l’Etat s’engage sur la construction d’un deuxième EPR, en plus de celui de Flamanville. Or l’EPR de Flamanville, déjà plombé par des années de retard et un budget qui est passé de 3 à 10,5 milliards d’euros, va certainement connaître de nouveaux délais et ne pourra pas démarrer en janvier 2019, comme l’espérait EDF.

Ce n’est pas la première fois que le ministre tance l’électricien. En novembre, dans un entretien au Financial Times, il avait demandé à EDF de prendre ses responsabilités dans la transition énergétique. Depuis, le groupe a annoncé deux plans, l’un pour développer le solaire, l’autre le stockage de l’électricité.

La situation d’EDF reste difficile sur le plan financier : le groupe souffre de la faiblesse des prix de l’électricité sur le marché, perd plusieurs dizaines de milliers de clients par mois et a souffert des arrêts de nombreuses tranches nucléaires ces dernières années. Contacté, le groupe EDF n’a pas souhaité réagir aux déclarations du ministre.