• Sandrine Piau/Susan Manoff
    Chimère

    Lieder et mélodies de Loewe, Schumann, Wolf, Debussy, Poulenc, Gurney, Barber, Previn, Baksa. Sandrine Piau (soprano), Susan Manoff (piano)

Pochette de l’album « Chimère », lieder et mélodies de Loewe, Schumann, Wolf, Debussy, Poulenc, Gurney, Barber, Prévin, Baksa par Sandrine Piau (soprano) et Susan Manoff (piano). / ALPHA

Depuis de nombreuses années, la discrète et talentueuse Sandrine Piau – mozartienne émérite, haendélienne de haut vol – poursuit une carrière exemplaire. Après Evocation (2007) et Après un rêve (2011), la soprano française et sa pianiste poursuivent, dans Chimère, leur épopée onirique. Le choix du répertoire, qui combine pièces solitaires et cycles poétiques (Fêtes galantes, Debussy-Verlaine), met également l’accent sur de bien subtiles correspondances entre répertoire français et germanique (nonobstant quelques incursions anglo-américaines : Emily Dickinson mise en musique par André Previn et Robert Baksa). La beauté de la ligne de chant couronnée d’aigus lumineux, la clarté d’une prosodie au service de l’expression, l’inspiration poétique du piano enveloppant ou discursif, tout concourt à faire de cet enregistrement un de ces instants magiques, dont on souhaite qu’ils ne finissent pas. Marie-Aude Roux

1 CD Alpha.

  • Sibelius & Rachmaninov
    Songs

    Mélodies de Jean Sibelius et Sergueï Rachmaninov par Jacques Imbrailo (baryton) et Alisdair Hogarth (piano)

Pochette de l’album « Songs », mélodies Sibelius et Sergei Rachmaninov par Jacques Ambrailo (baryton) et Alisdair Hogarth (piano). / LINN/OUTHERE MUSIC

Le rapprochement de Jean Sibelius (1865-1957) et de Sergueï Rachmaninov (1873-1943) ne va pas de soi, en particulier sur le terrain de la mélodie, qui ne fut cultivé que de loin en loin par le symphoniste finlandais et par le champion russe du piano. Pourtant, il se justifie parfaitement à l’écoute de ce programme où les deux compositeurs développent une expression complémentaire. Intensité ciblée pour Sibelius mais expansion graduée pour Rachmaninov, avec des exigences de contrastes et de nuances que Jacques Imbrailo satisfait en toute occasion. Si la voix du baryton sud-africain paraît plus naturellement convenir aux envolées slaves, elle est travaillée avec art pour servir dans l’excellence dramatique tant les pages isolées de Sibelius (telles que les célèbres Svarta rosor et Säv, säv, susa) que ses cycles majeurs (dont le fabuleux opus 37). Seul regret : le piano souvent anonyme d’Alisdair Hogarth. Pierre Gervasoni

1 CD Linn/Outhere Music.

  • Gruff Rhys
    Babelsberg

Pochette de l’album « Babelsberg » de Gruff Rhys. / ROUGH TRADE/PIAS

Quatre ans après l’extravagante expédition American Interior, disque concept sur les traces d’un explorateur du XVIIIe siècle en terre du Nouveau Monde, l’imagination débridée du Gallois Gruff Rhys est de nouveau à l’œuvre. Babelsberg, titre du cinquième opus solo du leader des Super Furry Animals, s’inquiète de l’actuel désordre politique de ce monde, non sans humour : sur la pochette verso du disque, Donald Trump, attablé avec le Christ, se prête à une séance de selfies. A rebours de son image de joyeux laborantin de la brit pop, Gruff Rhys livre ici un superbe album de pop folk classieuse, laissant de côté les expérimentations électro pour les orchestrations du BBC National Orchestra of Wales. The Club et Take That Call rivalisent d’élégance avec The Divine Comedy, tandis que Oh Dear ! s’essaie habilement aux cuivres latinos. Idem sur l’entêtant Frontier Man, où sa voix de baryton évoquant Leonard Cohen fait merveille. Une réussite. Franck Colombani

1 CD Rough Trade/PIAS.

  • Wilko Johnson
    Blow Your Mind

Pochette de l’album « Blow Your Mind », de Wilko Johnson. / CHESS RECORDS/UNIVERSAL MUSIC

En 2013, le guitariste et chanteur Wilko Johnson apprend qu’il a un cancer du pancréas. Du genre à ce que son futur ne dépasse pas quelques mois. Cinq ans plus tard, guéri – miracle, selon la médecine – et après une collaboration avec le chanteur des Who, Roger Daltrey, en 2014, Wilko Johnson revient avec un nouvel album, Blow Your Mind – le précédent, Red Hot Rocking Blues, constitué de reprises, remontait à 2005. L’ancien guitariste de Dr. Feelgood a toujours ce son tranchant, cet art du riff imparable et une assise dans le blues-rock. Blow Your Mind est un disque de rock direct, sans chichis, intemporel. Avec Johnson, son complice de toujours, le bassiste Norman Watt-Roy, depuis le groupe Solid Senders, en 1978. Le batteur Dylan Howe forme avec eux une base énergique. Mick Talbot aux claviers, ex-Style Council, et Steve Weston à l’harmonica complètent le groupe – soit la formation présente sur Going Back Home avec Daltrey. A part qualifier Blow Your Mind et ses douze compositions d’excellent, on ne voit pas. Sylvain Siclier

1 CD Chess Records/Universal Music.

  • Susheela Raman
    Ghost Gamelan

Pochette de l’album « Ghost Gamelan », de Susheela Raman. / NAÏVE/BELIEVE

De Debussy à Aperghis, de Messiaen à Philip Glass, Steve Reich ou, plus surprenant, au groupe de rock new-yorkais Sonic Youth (allez écouter le titre She’s Not Alone, enregistré par le groupe au début de sa carrière, à l’aube des années 1980), le gamelan en aura inspiré, des musiciens et des compositeurs. Occupant un rôle central dans les arts traditionnels de Java et Bali, cet ensemble de gongs, cymbales et autres métallophones a captivé la magnétique chanteuse anglaise Susheela Raman et son complice, le guitariste Sam Mills. Ils en ont fait l’axe central de ce nouvel album, une sève vivifiante qu’ils sont allés collecter sur place, dans la ville de Solo (Surakarta), au centre de Java, auprès du compositeur de gamelan contemporain javanais Gondrong Gunarto. En habillant leurs compositions et chansons de cette matière ondoyante, ils ont créé un album de pop envoûtante et raffinée, où s’entremêlent sensations d’envol et de plongée en eaux profondes. Patrick Labesse

1 CD Naïve/Believe.