Le gouvernement souhaite disposer « d’ici à trois semaines » des premiers « engagements précis » des acteurs concernés par la suppression, sous trois ans, de l’utilisation du glyphosate en France, ont annoncé vendredi 22 juin Stéphane Travert et Nicolas Hulot lors de l’installation d’une « task force » sur cette question. Les ministres de l’agriculture et de la transition écologique et solidaire réunissaient à Paris une soixantaine d’acteurs de ce dossier – syndicats agricoles, industriels, distributeurs, coopératives, chambres d’agriculture, instituts de recherche.

Création d’un centre de ressources

Ils ont notamment annoncé à cette occasion la création d’un centre de ressources « d’ici à la fin de l’année » afin de rendre accessible à l’ensemble de la profession agricole les solutions existantes pour sortir du glyphosate, un herbicide controversé encore massivement utilisé en France. Les actions d’accompagnement vont être renforcées afin de « diffuser les solutions et trouver de nouvelles alternatives pour les usages pour lesquels il demeurerait des impasses », peut-on lire dans un communiqué commun.

Les réseaux territoriaux des chambres d’agriculture et l’enseignement agricole vont être, quant à eux, mobilisés « pour faire connaître et promouvoir les alternatives au glyphosate ». La « task force » devra pour sa part « rendre des comptes » tous les trois mois aux ministres et aux parlementaires « des actions engagées et des progrès accomplis ».

« Une transition agroécologique majeure »

« Le président de la République a fixé un cap, et nous devons apprendre à nous passer du glyphosate dans les trois ans, tout en précisant que les agriculteurs ne seront pas laissés dans une impasse », a dit Stéphane Travert à la presse à l’issue de la rencontre.

« Il s’agit d’une transition agroécologique majeure d’autant plus marquante que le glyphosate est la substance phytosanitaire la plus utilisée, et la France veut se donner une ambition forte. »

« Chacune des filières va devoir préciser, dans le cadre de ses objectifs de réduction des phytos, ce qu’elle va faire pour le glyphosate spécifiquement », expliquait-on dans l’entourage du ministre de l’agriculture. « Avec Stéphane Travert, on réunit tous les acteurs de la filière, et si jamais on n’est pas en situation de réaliser cet objectif en trois ans, on reviendra à la loi », avait de son côté déclaré Nicolas Hulot sur Franceinfo, jeudi. L’Assemblée nationale a rejeté à la fin de mai des amendements, y compris LRM, qui visaient à graver dans la loi agriculture et alimentation cette sortie du glyphosate en 2021, le gouvernement voulant trouver d’abord une solution de rechange pour les agriculteurs.

Les pays de l’Union européenne ont voté de justesse en novembre le renouvellement pour cinq ans de l’autorisation de cet herbicide, jugé dangereux par les défenseurs de l’environnement, mais que les agriculteurs veulent pouvoir continuer à utiliser. La France a, quant à elle, fait savoir que le produit serait interdit sur son sol d’ici à trois ans et n’a pas exclu une dérogation pour les « 10 % » de cas où il n’y aurait pas d’alternative pour les agriculteurs français.

En quoi le glyphosate pose-t-il problème ?
Durée : 02:36