Jimmy Durmaz croule sous les insultes racistes depuis sa faute, le 23 juin. / ODD ANDERSEN / AFP

La perfection de l’exécution puis de la trajectoire du ballon a fait le tour du monde. A la dernière minute du match face à la Suède, samedi 23 juin, Tony Kroos a catapulté une merveille de coup franc et offert un sursis à l’Allemagne, championne du monde en titre, passée très près de l’élimination face aux Scandinaves.

Le milieu du Real Madrid était visiblement le seul à croire à pareil miracle. Juste avant le tir, Mats Hummels, contraint au repos, tentait de communiquer ses consignes à Kroos depuis le banc de touche. « Je lui ai crié fort qu’il devait centrer, expliquait le défenseur après le match. Après, j’en ai pris pour mon grade dans le vestiaire. »

La suite est connue : trop excentré pour viser la lucarne opposée, le milieu a transmis la balle à Reus, qui la lui bloquait, et lui offrait un angle bien plus ouvert. Crucifiée à la toute fin du temps additionnel, la Suède devra désormais s’imposer contre le Mexique, mercredi 27 juin, pour espérer rallier les huitièmes de finale du Mondial. Avant de se tourner vers l’affrontement d’« El Tri », l’heure était au règlement de comptes et à la recherche de coupables, dès le retour aux vestiaires.

Insultes racistes et menaces de mort

Auteur de la faute sur Timo Werner à l’origine du coup franc de Kroos, Jimmy Durmaz a reçu un déluge d’insultes racistes et des menaces de mort après le coup de sifflet final. Plusieurs milliers de messages haineux ont ainsi été recensés sur Internet. « J’ai toujours vu de la haine sur les réseaux sociaux, a réagi le joueur du Toulouse FC, né en Suède de parents assyriens. Si vous avez subi ça toute votre vie, ce n’est pas quelque chose de grave. Je suis fier de représenter mon pays. »

Entré comme lui dans les vingt dernières minutes de jeu, John Guidetti a défendu son coéquipier et plaidé son « manque de chance » sur l’action fatale : « Il a couru et s’est battu tout le temps. (…) C’est complètement idiot de lui adresser autant de haine à cause de ça. »

Au lendemain de la rencontre, la Fédération suédoise de football a annoncé avoir signalé les messages destinés à son joueur à la police. « C’est désagréable et extrêmement scandaleux de voir le traitement que Jimmy Durmaz a subi, a dénoncé le secrétaire général de l’organisation, Hakan Sjöstrand. Complètement inacceptable. »

La fin de match a décidément été bien agitée. Après le coup de canon de Kroos, le banc suédois s’est plaint de provocations de plusieurs membres de la délégation allemande. Une démonstration de joie moyennement appréciée par les Scandinaves et leur sélectionneur, Janne Andersson : « Ça m’a vraiment agacé et mis en colère. Ça ne se fait pas : vous vous congratulez et vous laissez l’adversaire à sa tristesse, vous ne réagissez pas comme ça, aussi fort. »

Concédant une réaction « trop émotionnelle » des siens, la Fédération allemande a pris soin de dégonfler la polémique d’un tweet, conclu d’un « Ursäkta ! » (« pardon ! »).