La police nigériane a annoncé dimanche 25 juin la mort d’au moins 86 fermiers dans la région de Barikin Ladi, dans l’Etat du Plateau (centre du pays), après une attaque présumée d’éleveurs nomades dans cette région en proie à des violences intercommunautaires. Selon la police locale, six personnes ont en outre été blessées, et cinquante maisons incendiées.

Le président nigérian Muhammadu Buhari, parfois accusé de ne pas agir suffisamment contre l’insécurité, a lancé un appel au calme après ces meurtres et ces destructions « douloureuses et déplorables ».

Le gouverneur de l’Etat du Plateau a de son côté annoncé le lancement d’opérations pour arrêter les auteurs des violences. « Des plans d’opérations sont en cours d’application pour sécuriser les communautés qui ont été frappées et pour capturer les auteurs de ces crimes, a déclaré le gouverneur Simon Lalong. Nous ferons tout ce qui est humainement possible pour sécuriser notre Etat immédiatement. »

Le président du Sénat nigérian, Bukola Sakari, s’est inquiété dimanche du fait que les dernières attaques créaient le sentiment que le Nigeria n’était « pas sûr ». « Il est important pour les Nigérians de commencer à avoir l’assurance que le gouvernement réagit de manière décisive aux menaces actuelles contre les vies et les biens. »

Barricades

A la suite de l’attaque, un couvre-feu a été instauré « pour éviter une rupture de la loi et de l’ordre » dans plusieurs régions de l’Etat, frappées depuis quelques jours par les affrontements entre éleveurs et fermiers.

Dimanche, des jeunes de l’ethnie Berom ont mis en place des barricades sur la route entre Jos (capitale de l’Etat) et Abuja (capitale fédérale) pour attaquer les automobilistes qui ressemblaient à « des Peuls et des musulmans », selon des voyageurs ayant échappé aux attaques. Policiers et militaires ont confirmé les attaques de dimanche contre les véhicules, sans donner de bilan.

Ces dernières violences s’inscrivent dans un cycle d’attaques et de représailles entre les communautés d’éleveurs et d’agriculteurs de la région. Entretenues par la concurrence entre appartenances ethniques, religieuses et politiques, ces violences ont fait des milliers de morts dans la région au cours des dernières décennies.

Des experts estiment qu’elles pourraient devenir le principal problème de sécurité du Nigeria, surpassant dans ce domaine l’insurrection du groupe islamiste Boko Haram, qui a fait plus de 20 000 morts et près de 2,3 millions de déplacés depuis 2009 dans le nord-est du pays.