Jacques Ngaste Obala, le créateur du réseau social Beeso.

Un sigle blanc et vert sur fond de planète connectée : bienvenue sur la page d’accueil de Beeso. Perdus dans l’espace, quelques liens gravitent à l’écran, relayant des articles portant sur le dernier album du rappeur belge Damso ou sur les difficultés des strat-up en Afrique. Le nouveau réseau social, qui se définit comme « la première cybercommunauté afropolitaine », vise un objectif immense : « Développer une plate-forme sociale participative sur laquelle la diaspora africaine pourra échanger », explique Jacques Ngatse Obala, son fondateur. L’application ne sera opérationnelle que fin 2018, mais il est déjà possible de s’inscrire via la page web existante.

« J’ai eu cette idée quand j’étais à la recherche d’un bon restaurant africain à Lille. J’ai mis trois heures pour en trouver un. A partir de là, je suis parti du constat qu’il y avait peu d’enseignes et de projet afros répertoriés sur Internet », raconte le trentenaire. Ce Parisien originaire de Brazzaville a décidé de combler ce vide. Outre le partage de vidéos, l’existence d’un blog et la page d’accueil personnalisée, c’est le système de référencement des événements liés à la culture africaine qui distingue cette une plate-forme participative des autres réseaux sociaux.

Les premiers internautes visés sont les afropolitains, terme popularisé en 2005 par la romancière britannique Taiye Selasi, auteure du Ravissement des innocents. « Ce néologisme regroupe les afrodescendants évoluant en Occident qui se distinguent par leurs us et coutumes urbaines. L’afropolitanisme représente le cœur de cible actuel », indique Jacques Ngatse Obala. Beeso est-il pour autant réservé uniquement aux personnes d’origine africaine ? « Non, c’est une initiative inclusive qui vise à promouvoir la culture du continent. Or la culture s’adresse à tout le monde », répond son créateur.

D’abord l’Europe, ensuite l’Afrique

La réalisation de ce projet s’est étalée sur un an et demi, autour d’une équipe d’une dizaine de personnes. « Il a fallu du temps pour matérialiser le besoin, se souvient M. Ngatse Obala. Au début, je partais sur l’idée d’un annuaire simple, avant de sonder les gens autour de moi et de comprendre qu’il fallait donner les moyens aux utilisateurs de contribuer. »

Arrivé à Paris à l’âge de 7 ans « dans le cadre d’un regroupement familial », Jacques Ngatse Obala n’en est pas à son coup d’essai. Après une licence de mathématiques appliquées aux sciences sociales à La Sorbonne et un diplôme de l’école d’informatique Epitech, il se lance dans l’activité de développeur. Son projet le plus important est l’application Mizik.me, créée il y a dix ans, qui permet d’écouter de la musique gratuitement.

Pour l’instant, le réseau social se focalise sur la diaspora africaine en Europe, avant de partir à la conquête du marché africain. « Il est important de s’adapter à chaque clientèle. Par exemple, les thématiques comme la restauration ou l’événementiel intéressent principalement le marché européen », soutient Jacques Ngatse Obala.

Le trentenaire envisage de poursuivre ses activités dans son pays d’origine, le Congo. « Je pense que ce pays, de par mes origines et son emplacement géographique, serait une bonne base stratégique pour le déploiement de Beeso en Afrique. Je serai certainement amené à faire le pont entre le Congo et la France. » Pour son créateur, pas besoin de Beeso pour rester connecté avec l’Afrique.