Alexandria Ocasio-Cortez, quelques minutes après l’annonce de sa victoire aux primaires démocrates pour les élections législatives de mi-mandat, le 26 juin. / SCOTT HEINS/AFP

C’est le type de victoire politique dont la presse américaine se délecte. Alexandria Ocasio-Cortez, 28 ans, latino-américaine du Bronx a remporté, mardi 26 juin, les primaires démocrates de la 14circonscription de New York face au très installé Joseph Crowley, 56 ans, élu à la Chambre des représentants depuis 1999.

« Un renversement titanesque », titre CNN dès l’annonce des résultats, quand le New York Times décrit la nouvelle candidate aux élections de mi-mandat, en novembre, comme une « tueuse de géants ».

« C’est une candidate issue de la minorité dans une circonscription constituée majoritairement de minorités », souligne sur CNN le journaliste Harry Enten : les importantes communautés afro-américaines, asiatiques et latino-américaines du quartier ont été séduites par le discours militant d’Alexandria Ocasio-Cortez, membre des socialistes démocrates américains, née d’une mère portoricaine et d’un père du Bronx.

En doublant l’un des parlementaires les plus progressistes du congrès par sa gauche, l’ancienne serveuse – dont la photo apparaît encore sur le site de son dernier employeur, un bar à cocktails de Manhattan – s’inscrit pleinement dans les divisions internes au Parti démocrate, vives entre Bernie Sanders et Hillary Clinton lors de la présidentielle de 2016.

Assurance santé accessible à tous, aides à l’accès à l’université, développement de l’emploi public, abolition de l’agence d’immigration : toutes les thématiques de campagne d’Alexandria Ocasio-Cortez rappellent celles du sénateur du Vermont, dont elle a organisé une partie de la campagne à New York.

« Elle pourrait être le futur du parti démocrate »

Sur cette circonscription de 600 000 habitants reliant City Island au Sunny Side new-yorkais, celle qui pourrait devenir la plus jeune élue à la chambre des représentants aurait « réalisé le plus grand retournement des primaires démocrates depuis des années », note le site d’information Mother Jones. « Elle pourrait être le futur du parti démocrate », pariait déjà, dans un portrait de la candidate en campagne, le magazine Vogue. La chaîne conservatrice Fox News note de son côté l’apparition, rare, d’une figure rattachée au socialisme dans le paysage politique américain.

Face à Joseph Cowley, alors annoncé comme le futur président de la chambre des représentants en cas d’alternance, Alexandria Ocasio-Cortez a surtout tiré tous les leviers d’une opposition sans compromis face à Donald Trump : le 24 juin, elle se présente par exemple devant un centre de détention pour enfants migrants, près de la frontière mexicaine, et interpelle devant les caméras les officiers de l’autre côté des grilles, visiblement embarrassés.

La candidate au congrès Alexandria Ocasio-Cortez, devant un centre de l’agence de l’immigration américaine, au sud d’El Paso (Texas), le 24 juin. / JOE RAEDLE/AFP

Dans une vidéo de promotion vue par plus de trois millions de personnes, elle développe son opposition entre les classes moyennes inférieures et le monde des affaires : « Nous avons les gens, ils ont l’argent », lâche la démocrate, très présente sur les réseaux sociaux, où elle apparaît fréquemment prise en photo dans les rues de sa circonscription.

Joseph Cowley lui a rapidement accordé son soutien, dans la soirée du 26 juin. Le président Donald Trump en a, lui, profité pour commenter la défaite de l’un de ses plus virulents opposants dans un des tweets narquois dont il a le secret : « Peut-être aurait-il dû être plus sympathique, et montrer plus de respect à son président ! »