Les studios de cinéma 21st Century Fox font notamment partie des actifs convoités par Disney. / Mark Lennihan / AP

La justice américaine a demandé au groupe Disney de vendre des chaînes sportives pour donner son feu vert au rachat du groupe de médias 21st Century Fox, a annoncé la division anti-monopole du ministère de la justice mercredi 27 juin. Cette décision ouvre la voie à la création d’un mastodonte dans un secteur des médias en plein bouleversement.

Selon le communiqué des autorités, Disney devra céder 22 chaînes sportives appartenant au groupe Fox, de façon à préserver la concurrence et éviter une hausse des tarifs. Dans un autre communiqué diffusé dans la foulée, Disney a dit avoir accepté et précise qu’il devra vendre ces chaînes dans les trois mois suivant le rachat.

« Nous sommes satisfaits », s’est réjoui pour sa part The Walt Disney Company. Juridiquement, l’accord entre Disney et les autorités de la concurrence doit encore être validé par un juge, ont précisé les deux parties, tandis que la fusion elle-même doit encore recevoir l’aval, notamment, de régulateurs d’autres pays et des actionnaires.

Un paysage des médias en pleine recompostion

Disney doit payer 71,3 milliards de dollars pour mettre la main sur l’essentiel des actifs du groupe Fox, dont les studios de cinéma. Le groupe avait déposé une offre initiale inférieure en décembre mais avait dû la relever il y a quelques jours pour l’emporter face au cablô-opérateur Comcast, dans un paysage des médias en pleine recomposition, sous la pression de la Silicon Valley.

Les actifs convoités par Disney sont les studios de cinéma 21st Century Fox, la chaîne de télévision National Geographic et ses déclinaisons, Star India, la participation de Fox dans le service de streaming Hulu, Sky et Tata Sky entre autres. La chaîne de télévision câblée américaine Fox News, le Wall Street Journal et l’agence d’informations DowJones, autres propriétés de la famille Murdoch, ne font pas partie des actifs à vendre.

Ce rachat symbolise le bouleversement en cours des secteurs des médias et des télécoms, les groupes traditionnels cherchant à grossir en taille pour rivaliser avec les géants technologiques Google, Netflix ou Amazon, à la fois plateformes de diffusion et producteurs de contenus.

Contrer la Silicon Valley

La Silicon Valley dispose d’un avantage certain : grâce aux données personnelles des utilisateurs stockées sur ses plateformes, elle est en contact direct avec le public et en sait long sur ses goûts et ses habitudes, ce qui lui permet par exemple d’adapter les contenus qu’elles proposent.

Google et Facebook ont également la particularité de capter une part substantielle des recettes publicitaires, au détriment des acteurs traditionnels des médias. D’où l’idée pour les acteurs des télécoms et des médias de se marier pour soit combiner canaux de distribution et contenus, soit étoffer leur offre de programmes.

Le feu vert accordé le 12 juin par un juge de Washington à la fusion entre le géant des télécoms AT&T et le groupe de médias Time Warner, contre l’avis des autorités de la concurrence, avait levé les incertitudes sur nombre de grosses fusions en cours ou à venir. C’est précisément cet aval qui avait décidé Comcast à surenchérir sur Fox.