Son histoire fut longue et chaotique. Et c’est après avoir surmonté bien des crises que le Crédit foncier va finalement s’éteindre, sans faire de bruit : le spécialiste du crédit immobilier, filiale à 100 % du groupe BPCE (Banque populaire Caisses d’épargne), verra ses activités intégrées au sein de l’établissement mutualiste.

Dans un communiqué publié mardi 26 juin, la banque mutualiste précise avoir pris cette décision après avoir fait le « constat que le modèle d’établissement spécialisé sur le seul segment du financement immobilier n’est plus adapté ni compétitif ». Le modèle du Crédit foncier n’aura pas résisté à la vague profonde et durable de taux d’intérêt historiquement bas.

L’établissement ne proposait ni compte courant, ni carte bancaire, ni produits d’épargne classiques. Aussi, lorsque les taux se sont effondrés, les marges que réalisaient les banques sur les prêts ont chuté mais, à rebours de ses concurrents, le Foncier n’a pas pu compenser ces baisses de revenus par une hausse de frais prélevés sur les services bancaires classiques. Dépourvu de dépôts, il a également pâti de son modèle de refinancement exclusif sur les marchés financiers.

La marque disparaîtra au premier semestre 2019

Une fois le projet d’intégration ficelé, au premier semestre 2019, la marque disparaîtra, sa centaine d’agences baisseront le rideau, mais une structure juridique sera maintenue pour gérer les encours de crédits et abriter l’outil de refinancement du Foncier. BPCE s’est engagé à trouver « une solution pour chaque collaborateur ».

Les salariés se verront proposer un poste « de même nature » et « dans le même bassin d’emploi » au sein du groupe. Pour ceux qui souhaiteront partir, un plan de sauvegarde de l’emploi sera ouvert. BPCE attend de l’opération « une création de valeur » de plusieurs centaines de millions d’euros d’ici à cinq ans, entre baisse des charges et revenus additionnels.

Né en 1852, le Crédit foncier contribua à la transformation de Paris lors des travaux du baron Haussmann. Il distribua des prêts aidés par l’Etat après guerre, dans une France en proie à une crise majeure du logement, avant de frôler la liquidation lors de la crise de l’immobilier des années 1990. Intégré au groupe Caisses d’épargne en 1999, le Foncier subit de plein fouet la crise de la dette grecque en 2011 et dut être renfloué à hauteur de 1,5 milliard d’euros. Depuis 2014, l’établissement était revenu à l’équilibre, au prix d’une lourde restructuration.