Après le coup de filet dans la mouvance d’ultradroite menée dans la nuit du samedi 23 au dimanche 24 juin, les gardes à vue des dix personnes suspectées de préparer des attaques terroristes contre des musulmans devaient arriver à leur terme, mercredi 26 juin.

Ces interpellations par les policiers de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ont eu lieu en Corse, en région parisienne et en Charente-Maritime. Les enquêteurs ont retrouvé des fusils, des pistolets et des grenades artisanales lors des perquisitions. Les dix interpellés, neuf hommes et une femme avaient « un projet de passage à l’acte violent, aux contours mal définis à ce stade, ciblant des personnes de confession musulmane », a précisé une source proche de l’enquête. Ils sont âgés de 32 à 69 ans.

Parmi eux figure le chef de file présumé de ce réseau, Guy S., né en 1953, retraité de la police nationale vivant à Tonnay-Charente. Selon la mairie de cette commune de Charente-Maritime interrogée par l’Agence France-Presse, il avait été assesseur pour le Front national d’un bureau de vote aux élections présidentielles et législatives de 2017. Marine Le Pen, a immédiatement mis en garde contre tout « lien » qui pourrait être établi entre les personnes interpellées et les militants identitaires ou ceux de son parti d’extrême droite.

« Totale mobilisation »

Les suspects gravitaient autour d’un mystérieux groupuscule baptisé « AFO » (Action des forces opérationnelles) appelant à lutter contre « l’ennemi intérieur » musulman. Un groupuscule lui-même issu d’une association légale, constituée depuis 2016 : Les Volontaires pour la France, dont un certain nombre de membres auraient décidé de faire scission pour passer à l’action violente. Parmi les membres d’AFO se trouvaient une majorité de gendarmes, de militaires issus des forces spéciales et de chasseurs alpins. Et l’un d’entre eux comptait une personne ayant perdu sa fille au Bataclan, lors des attentats de Paris en novembre 2015.

Selon TF1-LCI qui a dévoilé l’information, ils ciblaient des imams radicaux, des détenus islamistes sortant de prison mais aussi des femmes voilées choisies au hasard dans la rue.
Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a exprimé sa « profonde préoccupation » pour la sécurité des quelque 2 500 lieux de culte et des près de 6 millions de fidèles de la deuxième religion de France.

Le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, a pour sa part « réaffirmé la totale mobilisation » de ses services « pour prévenir tout trouble à l’ordre public et toute atteinte aux biens et aux personnes, a fortiori visant un culte en particulier », selon un communiqué du ministère. Les dossiers judiciaires impliquant la mouvance de l’ultradroite sont extrêmement rares au sein du pôle antiterroriste de Paris.

Le dernier cas du genre remonte à octobre 2017. Lors de cette affaire dévoilée par Le Monde, les services antiterroristes avaient démantelé un groupuscule d’ultradroite fédéré autour d’un ex-militant du mouvement royaliste Action française, Logan Nisin. Son groupe avait envisagé de s’en prendre notamment au leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, et à Christophe Castaner, secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement.