Téléfilm sur Arte à 20 h 55

Caroline Pfister (Stéphanie Japp) et son mari Arnaud (Bruno Todeschini) dans « Private Banking », de Bettina Oberli. / © SRF/SAVA HLAVACEK

Psychologue auprès de toxicomanes, Caroline Pfister (Stephanie Japp) vit à la campagne avec son mari, Arnaud (Bruno Todeschini), artiste peintre. La vie de la jeune femme bascule le jour où elle apprend que, après un infarctus, son père, Leopold Weyer (Christian Kohlund), est placé en coma artificiel. Un homme qu’elle ne côtoie plus guère, elle, l’enfant illégitime de la famille. Pourtant, suivant les derniers souhaits de son paternel, Caroline va prendre la tête de la banque privée zurichoise qu’il dirigeait. Envers et contre tous.

Ce téléfilm en deux parties, aux allures de thriller, présente la particularité dommageable d’être uniquement disponible en version française (VF). De fait, la VF nuit considérablement à la qualité de l’ensemble, notamment au jeu des acteurs, accentuant leurs traits, déjà suffisamment caricaturaux pour certains. Cela étant dit, venons-en aux faits.

L’action se déroule dans une Suisse qui a perdu de son aura sur la place financière internationale. Levée du secret bancaire, instauration des échanges automatiques de données entre pays… les banques privées helvétiques ne peuvent plus se permettre les licences du passé. Et celle des Weyer n’échappe pas à la règle.

Montages financiers décryptés

Entre des doyens conservateurs et de jeunes carriéristes aux dents longues, Caroline entend faire le ménage et dépoussiérer les vieilles habitudes pour instaurer une nouvelle politique bancaire, plus éthique et transparente. Persona non grata, elle peut toutefois compter sur son parrain, Edi (Dietrich Siegl), le bras droit de Leopold, et Stefanie (Anna Schinz), une jeune juriste chargée du respect des règles au sein de la société, malmenée par ses collègues. Car, à l’aune de l’optimisation fiscale, l’argent géré par la banque Weyer n’est pas immaculé.

Dans ce monde de banquiers « à l’ancienne », où le relationnel et le copinage sont de mise – clients fortunés obligent –, Caroline détonne, autant par son style vestimentaire que par son idéalisme, un tantinet surfait. Mais bien vite, elle se fondra dans ce milieu où l’hypocrisie règne en maître, au grand dam de son mari.

Longueurs et ficelles

En essayant de décrypter les montages financiers à l’œuvre dans l’univers bancaire, Private Banking s’attaque à un sujet d’actualité complexe. A son arrivée, Caroline – comme le téléspectateur – se trouve être une néophyte à qui il faut expliquer les rouages de la machine. Le sujet est ambitieux, mais l’ensemble manque de crédibilité. Certaines séquences restent prévisibles, et les scènes conjugales entre Caroline et Arnaud n’apportent rien au récit. Surtout, le film traîne en longueur – certainement à cause de son format – et avance à coups de ficelles scénaristiques parfois grossières. Les symboles faciles se multiplient, comme lorsque Caroline tire les rideaux du bureau de son père pour faire entrer la lumière dans cette pièce, alors qu’elle ambitionne de dépoussiérer l’entreprise Weyer en mettant au jour ses parts d’ombre.

Néanmoins, l’intrigue maintient l’attention du spectateur. Le film dénonce la duplicité d’un milieu qui, sous couvert d’investissements sociaux et écologiques, fait de l’optimisation fiscale son cheval de bataille. Inégal, Private Banking fascine, sans réellement passionner. Malgré une fin pour le moins inattendue.

Private Banking, de Bettina Oberli (VF). Avec Stephanie Japp, Dietrich Siegl, Bruno Todeschini, Anna Schinz, Bettina Stucky, Marc Benjamin, Christian Kohlund (Suisse, 2017, 2 × 90 min).