Avec la Belgique et la Croatie, « la France possède l’une des trois générations en or de la Coupe du monde 2018 », affirme La Nación. « C’est une appellation élogieuse, ajoute le grand quotidien argentin. Elle qualifie un collectif de joueurs réunis en une même époque par un même talent. » Comme la plupart des médias étrangers, la presse argentine couvre de lauriers le potentiel de cette équipe de France, surtout au moment de l’affronter, samedi à 16 heures.

Mais, comme dans une grande partie de la presse internationale, les éloges précèdent souvent les critiques lorsque l’on évoque les Bleus de Didier Deschamps. « Ce n’est pas suffisant pour gagner un Mondial, mais c’est l’idéal pour mener de bonnes campagnes. L’équipe de France va découvrir laquelle de ces deux ambitions elle peut espérer concrétiser. » Et bien sûr, avance La Nación, « la mission de l’Argentine sera de l’en empêcher ».

La France n’a encore rien montré

Malgré sa première place dans le groupe C, la France, « une équipe d’élite », n’a pas convaincu le quotidien Clarín : « Il n’y a pas eu de football champagne, à peine quelques fulgurances de ses cracks. » Le journal de Buenos Aires revient sur la dernière « prestation » des Bleus, face au Danemark, « la pire qu’ils pouvaient fournir » avec un très triste 0-0. Mais le quotidien argentin n’en tire aucune conclusion avant le match de samedi :

Elle a montré autre chose, également d’importance : cette équipe est convaincue que le tournoi doit se jouer en sept matchs.»

Une philosophie qui rejoint difficilement celle de l’Argentine, les coéquipiers de Lionel Messi ayant joué chaque match de leur groupe avec la volonté de le gagner, souvent à l’arraché. Ainsi, le dernier match contre le Nigeria, remporté in extremis 2-1, « a eu un effet psychologique ‘ultrapositif’ », estime Clarín. Après des rencontres initiales lors desquelles la sélection argentine a été conspuée par ses propres supporters et par les médias, notamment après la défaite 3-0 contre la Croatie, « les joueurs, au lieu de voler vers leurs vacances après avoir été éliminés, savourent la paix de la victoire et de la qualification, détendus », relate le quotidien argentin.

« Sera-ce le déclic pour qu’au prochain coup dur pendant un match, la sélection argentine réagisse avec une tout autre trempe et une tout autre efficacité ? » s’interroge alors Clarín. Les images du défenseur Javier Mascherano, qui a fini la rencontre avec du sang plein le visage, ou celles où l’on voit Lionel Messi rassembler ses coéquipiers pour leur parler à la mi-temps ont procuré beaucoup d’espoirs de l’autre côté de l’Atlantique.

Points faibles à l’arrière

Les journaux plus spécialisés, comme le magazine Olé, fournissent aussi des moyens de se rassurer avant de rencontrer cette « sélection française très solide et invaincue », en appuyant sur ses points faibles. Pour la publication, il est « difficile de trouver des failles dans cette France qui peaufine la formation de ses joueurs depuis des années et semble avoir atteint son zénith précisément pour ce Mondial ». La composition offensive fait particulièrement peur au magazine sportif. « L’Argentine devra donc chercher des brèches dans la défense, qui est peut-être le point faible des Français. »

Les arrières latéraux français sont pointés du doigt par Olé :

Pavard à droite et Lucas Hernández à gauche montent souvent à l’attaque et laissent des ouvertures importantes à l’arrière, où peuvent s’engouffrer les joueurs argentins les plus rapides. Tous deux ont à peine 22 ans et ont encore du mal à renvoyer les ballons et à respecter l’ordre. »

Et s’il fallait encore un motif d’espoir pour les Argentins, La Nación est allée fouiller dans les archives. Ainsi, à chaque fois que l’Argentine a rencontré un « ennemi historique » en 8e de finale de Coupe du monde, elle l’a écarté : l’Uruguay en 1986 (1-0), le Brésil en 1990 (1-0) et l’Angleterre, « l’ennemi intime »,en 1998 (2-2, victoire aux tirs au but). « L’Uruguay, le Brésil et l’Angleterre, les trois plus fascinants adversaires historiques de l’Argentine, ont dû se coucher lorsque la route des Mondiaux est devenue sans retour. Il manque une tête à ce carré d’as : c’est celle de la France. »