Des supporters brandissent une copie du trophée de la Coupe du monde, le 16 juin à Moscou. / KAI PFAFFENBACH / REUTERS

Plus que seize matchs, mais ce sont les meilleurs. La phase d’élimination directe commence samedi avec France-Argentine, le choc le plus alléchant de ces huitièmes de finale qui recèlent d’autres matchs indécis, dans un tableau en apparence coupé en deux : la moitié de tableau de la France abrite le champion d’Europe en titre et dix victoires en Coupes du monde, contre seulement deux dans l’autre moitié, où l’Espagne et la Croatie font figure d’épouvantails.

  • France-Argentine (samedi 30 juin, 16 heures)

Les Bleus rentreront-ils enfin dans ce Mondial russe ou passeront-ils à la trappe sans avoir rien démontré ? Contre l’Argentine, à Kazan, l’équipe de France de Didier Deschamps tentera de monter en puissance et de faire oublier ses performances décevantes voire calamiteuses du premier tour. L’histoire ne plaide clairement pas en faveur des Tricolores, battus à deux reprises par l’Albiceleste lors des Coupes du monde 1930 et 1978. Pis, ils n’ont plus battu les Sud-Américains depuis un match amical remporté en… mars 1986.

La principale menace viendra de Lionel Messi, bourreau des Bleus lors du dernier duel entre les deux sélections, en 2009. Auteure d’un but incroyable contre le Nigeria (2-1), la « Pulga » (« la puce ») a contribué à éviter à son pays une humiliante élimination dès le premier tour. Double championne du monde (1978 et 1986) et finaliste malheureuse lors de l’édition brésilienne de 2014, l’Argentine ne s’est pas distinguée par sa solidité défensive ni sa traditionnelle grinta depuis l’entame du tournoi. Elle devrait offrir des espaces aux joueurs de Deschamps, dont une sortie de route en huitièmes de finale assombrirait, à coup sûr, le bilan.

  • Portugal-Uruguay (samedi 30 juin, 20 heures)

Pour la première fois en Coupe du monde, les routes du Portugal et de l’Uruguay vont se croiser à Sotchi. Et s’il ne faut jamais présager d’un match à la réputation de ces deux acteurs, ce huitième de finale s’annonce fermé et tactique. Imperméable en défense, la Celeste n’a pas encaissé de but lors de ses trois premières rencontres, pour autant de victoires. Les Portugais ont prouvé, eux, lors de leur victoire à l’Euro 2016 qu’ils savaient verrouiller à double tour, le moment des matchs couperets venu.

A l’époque, le sélectionneur, Fernando Santos, avait prévenu sa femme qu’il ne reviendrait « qu’après la finale et avec la coupe ». Cette fois encore, il s’est dit « persuadé de passer ce tour face à une grande équipe ». Même la menace représentée par la doublette Cavani-Suarez n’empêche pas de dormir cet ingénieur de formation. Son homologue uruguayen, Oscar Tabarez, doit, lui, croiser les doigts pour retrouver le Cristiano Ronaldo peu inspiré du match face à l’Iran (1-1), plutôt que l’auteur d’un triplé contre l’Espagne (3-3).

  • Espagne-Russie (dimanche 1er juillet, 16 heures)

Sur le papier, l’Espagne, vainqueur de l’édition 2010 et première de son groupe, aborde son huitième de finale face à la Russie en grande favorite. Mais la Roja s’est compliquée la tâche en s’offrant une crise interne dès l’ouverture de la compétition, soldée par un changement de sélectionneur in extremis. Les coéquipiers de Sergio Ramos ont montré certains signes de fébrilité lors de la phase de groupes. Après un superbe nul face au Portugal en ouverture (3-3), la sélection espagnole a dû batailler ferme pour venir à bout de l’Iran (1-0) et s’est fait accrocher par le Maroc (2-2).

En face, la Russie est à peine plus avancée. Le pays hôte a montré deux visages distincts lors de la phase de groupes. Conquérante et joueuse face à de faibles équipes d’Arabie saoudite (5-0) et d’Egypte (3-1), la Sbornaïa a pris l’eau face à l’Uruguay (0-3), retombant dans ses travers d’avant-Mondial. Après sa qualification surprise et face à une équipe de standing supérieur, la Russie devra compter sur le « caractère » de ses joueurs, comme l’a reconnu son sélectionneur, Stanislav Tchertchessov, et sur les encouragements des 80 000 spectateurs du stade Loujniki de Moscou.

  • Croatie-Danemark (dimanche 1er juillet, 20 heures)

C’est dans l’ancienne ville fermée de Nijni Novgorod que se disputera le huitième de finale le moins ouvert de cette Coupe du monde. Au vu de leurs premiers tours respectifs, un monde sépare la Croatie et le Danemark. Les coéquipiers de Luka Modric ont produit les performances les plus impressionnantes de la première phase de poule, avec trois victoires très convaincantes et sept buts marqués pour un encaissé, sur penalty. Sa victoire sur l’Argentine 3-0 a particulièrement marqué les esprits et Modric rayonne depuis le début de cette Coupe du monde. Dejan Lovren, le défenseur central et capitaine, parle déjà d’améliorer la performance de l’équipe de Davor Suker, demi-finaliste en France il y a vingt ans.

Attention, toutefois : le Danemark a montré face à la France qu’il n’était pas intimidé par le jeu de possession adverse. S’il s’agit de défendre un match nul, l’équipe d’Age Hareide n’est pas malhabile. Après tout, les Danois sont invaincus depuis dix-huit rencontres. Mais ils n’ont séduit ni face au Pérou, battu 1-0 après avoir raté un penalty, ni contre l’Australie (1-1), et la vedette de Tottenham Christian Eriksen constitue jusqu’à présent la seule menace offensive.

  • Brésil-Mexique (lundi 2 juillet, 16 heures)

Le duel s’annonce épique à Samara entre l’un des favoris, le Brésil, et l’une des équipes les plus séduisantes de ce premier tour, le Mexique. Après un début de compétition délicat, assorti d’un match nul contre la Suisse (1-1), après les larmes inquiétantes de Neymar lors de la victoire arrachée dans les arrêts de jeu face au Costa Rica (2-0), le Brésil a achevé plus sereinement sa phase de poule en dominant la Serbie (2-0). Le milieu de terrain Philippe Coutinho a encore été étincelant et la défense orchestrée par Thiago Silva très solide. La Seleçao n’attend plus que le réveil de Neymar.

Les Mexicains ont été l’une des sensations de ce début de Mondial en participant activement à l’élimination de l’Allemagne, battue 1-0. Ils ont ensuite été sérieux face aux Sud-Coréens (2-1) avant d’offrir un visage plus alarmant lors du troisième match. Les coéquipiers de « Chicharito » Hernandez ont sombré face à la Suède (3-0) et compliqué du même coup leur parcours. Pour briser enfin le plafond de verre des huitièmes de finale, après six éliminations consécutives à ce stade, il faudra réussir un autre coup d’éclat : éliminer le quintuple champion du monde.

  • Belgique-Japon (lundi 2 juillet, 20 heures)

Et si c’était enfin l’année des Diables rouges ? Après deux compétitions achevées au stade des quarts de finale (Mondial 2014 et Euro 2016), les Belges, éternels outsiders, pourraient bien enfin jouer les premiers rôles. A Rostov, ils partiront favoris face aux Japonais. Leur premier tour a montré tout leur potentiel offensif grâce à 8 buts inscrits face au Panama et à la Tunisie. Comble du luxe, le sélectionneur Roberto Martinez a même pu faire tourner lors du troisième match contre l’Angleterre, remporté 1-0.

Les Japonais ont franchi plus difficilement les obstacles. Ils ne doivent leur présence à ce stade de la compétition que par le nombre de cartons jaunes reçus, inférieur à celui des Sénégalais. C’est grâce au nouveau règlement de la FIFA, basé sur le fair-play en cas d’égalité parfaite, que le Japon disputera son troisième huitième de finale. Il leur faudra montrer plus d’engagement et de volonté offensive que lors des dernières minutes du match face à la Pologne (défaite 1-0).

  • Suède-Suisse (mardi 3 juillet, 16 heures)

Sans Zlatan Ibrahimovic, la fête est aussi belle : pour leur première Coupe du monde depuis 2006, les Suédois ont fini en tête de leur groupe. Dire qu’ils pensaient avoir gâché leurs chances de qualification après une défaite dans le temps additionnel contre l’Allemagne (2-1)… Le revers des champions du monde en titre contre les Coréens (2-0) et la large victoire suédoise face aux Mexicains (3-0) a finalement changé la donne.

La Suisse, deuxième de son groupe derrière le Brésil qu’elle a tenu en échec (1-1), a surtout fait parler d’elle pour la célébration politique de Granit Xhaka et Xherdan Shaqiri : buteurs contre la Serbie (2-1), les deux joueurs de la Nati ont mimé les battements d’ailes d’un aigle albanais, déclenchant une volée de commentaires. Il y eut ensuite moins de heurts contre le Costa Rica (2-2), entre ces deux pays sans armée.

  • Colombie-Angleterre (mardi 3 juillet, 20 heures)

Assurément l’un des chocs les plus prometteurs de ces huitièmes de finale. Dans un groupe H que l’on disait homogène sans trop savoir qu’en penser, les Colombiens ont commencé par une défaite contre le Japon (2-1), pour finir par deux succès sans le moindre but encaissé, contre la Pologne (3-0) et le Sénégal (1-0). Ils terminent en tête, mais avec une contrariété lors du troisième match : la sortie sur blessure du milieu offensif du Bayern Munich, James Rodriguez, la cuisse droite douloureuse et incertain pour la suite de la compétition.

Deuxièmes de leur groupe, les Anglais comptent sur leur buteur et capitaine Harry Kane. Muet lors de l’Euro 2016, l’attaquant a retrouvé l’usage de la parole en ce Mondial 2018 : deux buts pour acter un succès in extremis sur la Tunisie (2-1), puis trois autres pour faire perdre la tête au Panama (6-1), dont deux sur penalty. Le seul match sans but anglais, une défaite contre l’équipe bis de la Belgique (1-0), coïncide avec sa mise au repos.