Une délégation du groupe des Cobayes sur l’esplanade des Invalides à Paris, le 27 juin 2018. La marche arrive samedi, après deux mois de marche depuis Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) pour alerter sur les risques sanitaires de la pollution. / JACQUES DEMARTHON / AFP

Partie de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) le 1er mai, la petite troupe de la Marche des cobayes arrive à Paris samedi 30 juin. Pendant les deux mois de leur périple, qu’ils aient arpenté des terres agricoles polluées ou discuté dans un local associatif, les marcheurs se sont montrés à l’écoute des problèmes sanitaires et environnementaux locaux et toujours prompts à dénoncer les risques encourus par les populations.

Chaussures de randonnée grises et mauves bien entamées par 1 100 kilomètres de marche, Marie Ebermeyer, présente depuis le début de l’action, est une victime des effets secondaires de la nouvelle formule du Levothyrox, un médicament destiné à réguler la thyroïde. « J’ai pris du poids, j’étais épuisée et les autorités, la ministre de la santé en tête, nous disaient que c’était un effet psychologique, un effet “nocebo”, témoigne cette jeune retraitée, qui a travaillé quarante ans comme infirmière à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Le ministère, comme les agences régionales de santé [ARS] ne jouent pas le rôle d’alerte, c’est scandaleux. » Pour elle, il faut faire du préventif, pas seulement du curatif, et créer des pôles de santé environnementale dans les ARS.

Chaque étape de leur longue marche fut l’occasion pour les « cobayes » de dénoncer divers scandales sanitaires : terres agricoles polluées par les pesticides dont le glyphosate, écoles mises en danger par une industrie voisine, diesel, amiante, rejets des incinérateurs, champs électromagnétiques, chlordécone, aluminium dans les vaccins… « Sept millions de personnes meurent chaque année dans le monde à cause de la pollution, 2,5 millions de salariés français sont exposés à des produits cancérogènes, sans compter la malbouffe, le tabac… Nous avons tous les éléments pour vivre dans un environnement sain, nous avons les moyens d’évaluation, de contrôle, des outils réglementaires, mais tout est gangrené par les conflits d’intérêts, les lobbies et le mépris des institutions », dénonce Michèle Rivasi, députée européenne écologiste en grande partie à l’origine de la marche. Mercredi, la députée accompagnait une petite délégation des marcheurs devant le ministère de la santé, à Paris, pour y déposer des dizaines de croix portant les noms de ces scandales sanitaires.

Refus de « mourir empoisonné »

Naggia (le nom a été modifié) a vu passer la marche à Fos-sur-Mer, et a décidé de la rejoindre. Adepte du shiatsu, elle veut que le bien-être et la santé deviennent des priorités pour les autorités. Comme elle, Patrick Bourque, membre de Stop nucléaire Besançon, marche pour dire son refus d’être un « cobaye des multinationales » et de « mourir empoisonné ».

« Nous voulons un inversement de la charge de la preuve, insiste Michèle Rivasi. Les victimes sont non seulement malades, mais elles font aussi face au déni des autorités. C’est aux industriels, aux laboratoires de démontrer que leurs produits ne causent pas d’effets secondaires, qu’ils ne sont pas dangereux pour la santé. » Après Paris, la troupe se rendra, mardi 3 et mercredi 4 juillet, à la rencontre des institutions et des députés européens à Bruxelles, puis à Strasbourg.