LES CHOIX DE LA MATINALE

A l’exception des chaînes câblées, la télévision française ne diffuse désormais que chichement des œuvres d’animation japonaise. Le genre reste pourtant dynamique.

Depuis quelques années, plusieurs plateformes en ligne se partagent la diffusion d’un large catalogue et resserrent de plus en plus les délais de diffusion avec le Japon. Même le géant américain Netflix a voulu sa part, en décrochant des diffusions d’animes prestigieux mais aussi en proposant ses propres créations.

A l’occasion de la convention Japan Expo, grand rendez-vous des amateurs de mangas, de jeux vidéo et d’animes japonais qui se tient de jeudi 5 au dimanche 10 juillet au parc des expositions de Villepinte, Pixels a sélectionné cinq animes de qualité dans l’air du temps.

De l’aventure avec « Made in Abyss »

Made in Abyss - Trailer

Adaptation d’un manga éponyme, Made in Abyss prend vie dans la ville d’Orse, une cité construite autour d’une énorme faille, dont les profondeurs renferment faune et flore sauvage mais aussi des reliques qui se monnayent cher.

On y suit la vie difficile et parfois insouciante d’enfants exploités par leur orphelinat pour devenir apprentis caverniers, le nom donné aux aventuriers qui se risquent, au péril de leur vie, à la collecte d’antiquités dans l’Abysse. Parmi ces enfants, la courageuse et spontanée Rico dont la mère disparue était l’une des meilleures cavernières. Lors d’une chasse, la petite fille recueille un cyborg aux traits de garçonnet. Avec lui, elle va partir à la recherche de sa mère jusqu’aux confins de la faille, une mission très dangereuse.

Animé par le studio Kinema Citrus, Made In Abyss aborde des thèmes sombres qui tranchent avec son dessin naïf et rond et ses paysages à couper le souffle. A la manière des cités minières de la période industrielle, le modèle de société d’Orse est basé sur l’exploitation et une vie de labeur. Sans discours larmoyant, l’intrigue parfois violente n’épargne pas les personnages très attachants.

Récemment paru en France chez Ototo, le manga, salué par la critique, sera également mis en avant sur les stands de Japan expo.

A voir sur la plateforme Wakanim.

Un tire larmes : « Violet Evergarden »

京都アニメーション大賞受賞作品、待望のアニメ化『ヴァイオレット・エヴァーガーデン』本予告編

Réalisé sur la base d’un roman par Kyoto Animation, à qui l’on doit également le film A Silent Voice, Violet Evergarden raconte comment une enfant-soldat rescapée de la guerre devient écrivaine publique. Recueillie par un major, cette véritable machine de guerre n’a connu que le combat et ne nourrit aucune émotion ni ne maîtrise les codes sociaux.

Violet va apprendre à les développer au contact de ses clients qui ont besoin d’elle pour écrire des lettres et transmettre leurs sentiments. Intriguant à chaque fois qu’elle retire ses gants pour dévoiler des prothèses mécaniques qui ont remplacé ses bras arrachés par une bombe, Violet va aussi étonner par son sens de l’altruisme atypique. Et petit à petit trouver sa place dans un monde en paix.

Très poétique, avec des dessins d’une belle finesse, Violet Evergarden peut toutefois lasser par son côté répétitif et chagrin.

A voir sur la plateforme Netflix.

Hommage aux traditions dans « Le Rakugo ou la vie »

TVアニメ「昭和元禄落語心中」PV③ rakugo shinju animation PV3

Le rakugo est un art traditionnel de narration de contes humoristiques sur scène. Et c’est devenu la passion de Yotaro, un jeune repris de justice, après avoir été conquis par la prestation d’un grand maître de la discipline, Yakumoto. Yotaro va se mettre en tête de devenir le disciple du « sensei » et entamer un chemin pavé d’effort et d’abnégation.

Il est parfois difficile de passionner des spectateurs occidentaux avec une série animée sur une discipline traditionnelle et sans action spectaculaire. Le défi est relevé haut la main par Le rakugo ou la vie qui mélange pédagogie et récits tranche de vie mâtinés d’humour. La question de la survie d’un art ancien à l’heure moderne se pose en toile de fond.

A voir sur la plateforme ADN.

Métro-boulot-micro pour « Aggretsuko »

Aggretsuko | Bande-annonce officielle [HD] | Netflix

A 25 ans, Retsuko travaille dans un service comptable d’une grande entreprise. Au bureau, la situation n’est pas brillante : l’employée est effacée, pour ne pas dire exploitée par son chef. Chez elle, Retsuko mène une vie de célibataire un brin désordonnée. Elle se bat pour toujours donner le meilleur d’elle-même, faire face à ses collègues parfaites, sans trop de succès. Heureusement, elle a son défouloir, son jardin secret : elle adore chanter du métal dans des karaokés. Affrontant sexisme et petites humiliations, Retsuko va devoir s’affirmer mais aussi apprendre à s’aimer.

Aggretsuko, contraction de « Agressive Retsuko », met en scène des animaux anthropomorphes plutôt « kawai », lui conférant une certaine originalité. A travers les malheurs de bureau de ce petit panda roux, les spectateurs reconnaîtront peut-être leurs tracas quotidiens et céderont, qui sait, aux démons du karaoké. L’entreprise Sanrio qui a développé ce projet prend ici le contre-pied de la mascotte toujours impeccable qui a fait sa renommée : Hello Kitty.

A voir sur la plateforme Netflix.

Frissonner pour « Gegege no Kitaro »

GeGeGe no Kitaro | Trailer | TV Anime PV-3 2018

Kitaro le repoussant (« Gegege no kitaro ») est un personnage célèbre inventé par le mangaka Shigeru Mizuki dans les années 1960. Dans ses histoires, ce père fondateur du manga d’horreur, disparu en 2015, a repopularisé les histoires de fantômes, de yokai (des êtres surnaturels) et de kappa, sujets de croyances ancestrales.

Kitaro est le jeune et dernier survivant de la tribu des fantômes. Réfugié dans un cimetière, mis à l’écart à cause sa laideur (il est borgne), il va pourtant être le vecteur d’une bataille pour l’équilibre et la paix entre le monde des hommes et celui des yokai.

A la fois drôle et subtile critique de la nature humaine, Kitaro est aussi un monument de la pop culture japonaise. Depuis sa naissance, la série a été par maintes fois adaptée à l’écran, si bien que plusieurs générations de petits Nippons ont grandi avec lui. La dernière mouture animée, sortie en avril, a pris la case horaire de Dragon Ball Super à la télévision, preuve de sa popularité.

A voir sur la plateforme Crunchyroll.