L’avis du « Monde » – à voir

Voici le quatrième volet d’une franchise, produit par Blumhouse, compagnie spécialisée dans la fabrication de films d’épouvante d’inégale valeur. Dans un futur proche, aux Etats-Unis, il est autorisé, durant une nuit, de commettre impunément tout crime et délit. Les pulsions violentes des individus se libèrent, et la nuit devient un carnaval de violence et d’atrocités en tout genre. Mis en place par un gouvernement dirigé par une secte millénariste, les Nouveaux Pères fondateurs, cette politique du chaos se veut une manière paradoxale de contenir la criminalité et de purifier la société par la violence.

La série est une métaphore politique d’un schématisme lisible où se dénonce la brutalité des rapports de classes (la purge ne profite qu’aux classes aisées qui l’utilisent pour se débarrasser des « parasites » de la société), aux marchands d’armes, etc. Les films sont ponctués d’indices subliminaux qui renvoient parfois à une réalité immédiate (la méchante du troisième volet est un sosie d’Hillary Clinton, par exemple).

Ce quatrième épisode est un « préquel », non pas la suite des trois premiers volets, mais un film dont l’action se situe avant ceux-ci

Ce quatrième épisode qui n’est plus signé par le créateur d’origine, James DeMonaco – il en demeure le scénariste –, est ce qu’on appelle un « préquel », non pas la suite des trois premiers volets, mais un film dont l’action se situe avant ceux-ci. L’administration des Nouveaux Pères fondateurs tente une expérience limitée dans le temps et l’espace, Staten Island à New York sera le terrain d’expérimentation de la première nuit de purge. Voyant, au bout de quelques heures, que cette tolérance organisée ne favorise pas le déchaînement de violence attendu, le gouvernement envoie une troupe de mercenaires pour provoquer, à la faveur de quelques massacres, le bain de sang sacrificiel programmé.

Survivre jusqu’à l’aube

Alors que la saga semblait reposer sur le principe hobbésien d’une croyance en la nature mauvaise et brutale des êtres humains, American Nightmare 4 : les origines paraît démentir cette vision au profit d’une conception plus « complotiste » : c’est l’Etat qui corromprait, par la violence, les individus. Et le film rejoint le principe des précédents : suivre une poignée de personnages traqués qui tentent de survivre jusqu’à l’aube.

Davantage qu’un message politique un peu pesant (les riches tuent les pauvres), ce qui fait l’intérêt de la série, au-delà d’un divertissement ingénieux et effrayant, reposant sur un principe virtuel et ludique, c’est la représentation symbolique d’une dimension infernale des mythes sur lesquels reposent les Etats Unis, sur l’idée d’une violence comme essence de l’Amérique et de sa culture.

Tout en dénonçant la violence, la franchise fait complaisamment usage de sa monstration pour le délice du spectateur

En témoigne cette franchise qui, tout en dénonçant la violence, fait complaisamment usage de sa monstration pour le délice du spectateur. American Nightmare 4 : les origines va sans doute encore plus loin que les précédents épisodes dans la paranoïa et dans le paradoxe, dans un soudain vertige idéologique. Pour affronter les troupes d’un pouvoir machiavélique, qui déchaîne la violence pour mieux gouverner, s’affirme un gang de trafiquants de drogue, seule entité capable, en raison de son organisation militarisée et de son savoir-faire en matière d’armement, de s’opposer aux visées d’un Etat cynique et sans scrupule. C’est sur les classes dangereuses, donc, que reposerait le salut.

American Nightmare 4 : Les Origines / Bande-Annonce Officielle VOST [Au cinéma le 4 Juillet]

Film américain de Gerald McMurray. Avec Y’lan Noel, Lex Scott Davis, Joivan Wade (1 h 42). Sur le Web : www.americannightmare-lefilm.com et www.universalpictures.com/movies/the-first-purge