Tony Yoka lors de son combat face à Ali Baghouz. / CHRISTOPHE SIMON / AFP

Il se dit « triste ». Thierry Cheleman, le directeur du service des sports du groupe Canal+, assure au Monde « avoir de la peine » pour le boxeur Tony Yoka, qui a été condamné, jeudi 5 juillet, à une suspension d’un an ferme par l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), pour avoir manqué trois contrôles inopinés en moins de douze mois. Depuis le 2 juin 2017, la chaîne cryptée retransmet les combats du poids lourd, titré aux Jeux de Rio, qui doivent le mener, en moins de quatre ans, selon lui, au titre mondial. Mais « La conquête », comme elle est scénarisée par Canal+, vient subitement de s’arrêter.

« Pour l’avoir vu lors de ses entraînements à San Francisco, je sais les efforts considérables qu’il fait pour atteindre son objectif, celui d’être champion du monde, explique M. Cheleman. C’est un coup de frein à sa carrière pour des négligences administratives. Mais le professionnalisme passe aussi par l’administratif. » Mais pas question pour autant de tourner le dos au champion olympique. « Canal » ne croît pas que son jeune prodige de 26 ans se soit dopé et affirme clairement un soutien sans faille au boxeur. « Le groupe est à ses côtés lors des victoires, et dans des moments difficiles, aussi, informe-t-il. Je suis convaincu qu’il reviendra plus fort. » Il n’est pas prévu de diffuser des combats de Yoka si ce dernier devait boxer à l’étranger, notamment aux Etats-Unis, pour éventuellement contourner sa suspension. « Ce n’est pas dans ses attentions », précise Thierry Cheleman.

« Le prochain combat de Tony Yoka sera sur Canal+ »

Ainsi, il n’y a aucune raison, pour le patron des sports, de casser le contrat avec le professionnel même après une lourde condamnation pour dopage. « Le prochain combat de Tony Yoka sera sur Canal+, fût-il dans un an », affirme-t-il. Avec Yoka, Canal+ a souhaité faire renaître la boxe en France, qui n’intéressait plus aucun diffuseur et voulait faire de cette discipline « un des points de développement » du groupe comme le sont déjà le Top 14 et la formule 1. Pour cela, la chaîne cryptée n’a pas lésiné sur les moyens. Signer avec la star montante des rings était vital : la chaîne de Vincent Bolloré avait réussi à chiper la nouvelle star des athlètes tricolores à SFR Sport en surenchérissant, selon nos informations, de quelque 1,5 million d’euros sur l’offre initiale déjà conséquente (1 million d’euros à la signature du contrat et 250 000 euros par combat).

Canal+ va devoir se passer de quatre réunions de boxe et de sa tête de gondole qui attire, un soir de gala, plus de 400 000 téléspectateurs « Rien n’est encore fixé », dit son patron des sports en cherchant à rassurer. Quoi qu’il en soit, c’est un nouveau coup dur pour la chaîne, qui n’a pas encore digéré la perte des droits du champion de France de football. « Ne vous inquiétez pas, sourit Thierry Cheleman, nous sommes costauds. »