C’est dans un contexte très tendu que le premier ministre s’est rendu à Nantes jeudi matin 5 juillet. Lors d’un point presse, Edouard Philippe a indiqué que dix-neuf personnes ont été interpellées dont 11 placées en garde à vue. Hasard du calendrier, cette visite était prévue dans l’agenda du chef du gouvernement : il devait s’entretenir avec des élus sur le thème de l’après Notre-Dame-des-Landes et le développement de la métropole nantaise. Au terme d’une rencontre avec la maire (PS) de la ville, Johanna Rolland, le chef du gouvernement a « condamné » fermement « cette violence » avant d’affirmer que « nous serons évidemment très exigeants pour que toute la lumière soit faite sur les circonstances dans lesquelles l’individu est décédé » et d’exprimer son « soutien le plus ferme aux forces de l’ordre ».

Malgré les multiples appels au calme lancés, mercredi, par les pouvoirs publics et la famille du jeune homme tué par un policier, les échauffourées opposant les jeunes aux forces de l’ordre, mobilisés en nombre, n’ont pas seulement secoué le quartier du Breil, où Aboubakar F. est mort, mais aussi ceux de Bellevue, des Dervallières et de Malakoff. La préfète de Loire-Atlantique, Nicole Klein, a également mentionné sur Europe 1 jeudi matin des tensions dans les communes voisines de Saint-Herblain et de Rezé, faisant craindre un risque de « contagion ».

« Besoin d’effectifs »

A Garges-Lès-Gonesse (Val-d’Oise), d’où le jeune homme était originaire, plusieurs incidents ont également eu lieu. En fin de journée mercredi, quelque 200 personnes s’étaient rassemblées spontanément dans une ambiance électrique. Dans la nuit, plusieurs poubelles ont été incendiées et des policiers ont été la cible de jets de projectiles et de cocktails molotov.

« Nous avons toujours besoin d’effectifs et de moyens supplémentaires, commente Frédéric Lagache, secrétaire général du syndicat Alliance police nationale. Mais surtout, l’ensemble des policiers devraient être formés aux nouvelles règles concernant l’usage d’arme dans les cas de légitime défense édictées dans la loi de sécurité intérieure de 2017. Or, ce n’est pas le cas. Beaucoup font de l’autoformation et c’est inacceptable ! Ce qui ne veut pas dire que le CRS qui a tiré sur le jeune homme à Nantes a mal fait. » Jeudi matin, le premier ministre, M. Philippe, a conclu son intervention en assurant que le gouvernement continuerait à renforcer la présence policière dans la métropole de Nantes.