Pierre Sennès, lors d’une conférence de presse le 3 mars 2017. / LOIC VENANCE / AFP

« Nous sommes conscients que c’est une affaire particulièrement grave, qu’un jeune homme de 22 ans a perdu la vie et que cette circonstance dramatique nous oblige, (…) notamment vis-à-vis de sa famille qui est en droit d’attendre la réalisation d’une enquête approfondie », a déclaré le procureur de la République à Nantes, Pierre Sennès, au cours d’une conférence de presse. Le magistrat a fait savoir que de nombreuses auditions avaient d’ores et déjà été réalisées, dont quatre en cours mercredi soir, menées par les enquêteurs de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), et qu’un appel à témoins a été lancé dans l’après-midi « pour inviter toute personne pouvant apporter un témoignage utile à l’enquête à se faire connaître ».

Retraçant la chronologie des faits, il a rapporté que la victime (Aboubakar F.), qui circulait à bord d’une voiture, avait donné une fausse identité lors d’un contrôle, mardi soir vers 22 heures. Les six policiers l’ont alors invité à les suivre au commissariat de police pour une vérification d’identité. « Le conducteur, semble-t-il, a cherché à se soustraire à ce contrôle en opérant à vive allure une marche arrière, dans une démarche de fuite », a détaillé le procureur, rappelant que la victime faisait l’objet d’un mandat d’arrêt émis par un magistrat de Créteil.

Un policier a alors tiré « un seul coup de feu », a souligné M. Sennès. L’autopsie a confirmé que la victime a été atteinte par un tir qui l’a atteinte au cou « provoquant la mort dans un bref délai », des constatations compatibles avec la version des policiers, selon la même source. L’enquête devra déterminer précisément « le comportement de la personne décédée » et dire « si l’usage de l’arme par le policier était ou non légalement fondé », a-t-il dit.

M. Sennès a, enfin, affirmé que la famille de la victime a lancé un « appel au calme et à l’apaisement » par l’intermédiaire de son avocat, après une nuit de violences dans trois quartiers nantais. Les proches d’Aboubakar ne souhaitent pas s’exprimer publiquement sur les faits mais leur avocat devrait prendre la parole à l’issue de la marche blanche pour évoquer le fond du dossier. « Il y a énormément d’éléments dans cette enquête qui ne vont pas du tout », a simplement déclaré Me Péchard, sans plus de précision.