La ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a annoncé mercredi 4 juillet la création de 10 000 nouvelles places dans l’enseignement supérieur public, notamment dans des instituts universitaires de technologie (IUT), pour la rentrée 2018. Ces places seront « prochainement » disponibles sur Parcoursup, la plate-forme qui permet de postuler en première année d’études supérieures.

Elles s’ajoutent aux 21 000 futures places supplémentaires déjà annoncées et ajoutées sur Parcoursup : 17 000 dans les universités et 4 000 dans les sections de technicien supérieur, qui préparent au BTS. Le ministère, qui évoque un « investissement inédit », a aussi publié une carte précisant la répartition géographique de ces 21 000 places, montrant par exemple que l’académie de Versailles en a gagné 1 368, et celle de Corse 20 :

Le ministère de l’enseignement supérieur a publié, mercredi 4 juillet, la carte des places supplémentaires déjà créées pour la prochaine rentrée et disponibles sur Parcoursup. / DGESIP/MESRI Juillet 2018

Ces créations successives de places suffiront-elles à répondre à la demande, quand on sait que l’an dernier, 3 729 bacheliers étaient restés sans solution à l’issue de la procédure d’Admission post-bac (APB), et que le nombre d’étudiants devrait considérablement augmenter à la rentrée ? Compte tenu du « baby-boom » de l’an 2000, une note des services statistiques du ministère de l’éducation publiée en avril estimait que « les flux d’entrée en première année » dans les quatre principales filières publiques (université, instituts universitaires de technologie, sections de techniciens supérieurs et classes préparatoires aux grandes écoles) devaient « augmenter de 28 000 environ ».

Sur le papier, les quelque 31 000 places dont la création a été annoncée ou réalisée ces derniers mois semblent donc correspondre à la demande supplémentaire des nouveaux bacheliers prévue à la prochaine rentrée. Mais l’équation est évidemment plus complexe : « Les 28 000 nouveaux entrants estimés ne veulent pas tous aller dans les mêmes filières ni au même endroit. Dire que créer 28 000 places revient à absorber le flux entrant n’a pas de sens, surtout au regard des 130 000 places restées vacantes cette année », rappelle le ministère.

Mesures insuffisantes

En prévoyant 31 000 places « pour la rentrée, mais de façon pérenne », le gouvernement affirme plus largement son intention, assure-t-il, de « faire coïncider l’offre avec la demande de façon durable, en anticipation des prochaines années ». Ces mesures ne sont toutefois pas suffisantes, si elles ne sont pas complétées par d’autres, permettant de rattraper le retard pris : le nombre d’étudiants a fortement augmenté ces cinq dernières années (225 000, dont 160 000 à l’université), sans que les moyens suivent dans les mêmes proportions. Et chaque hausse à l’entrée en première année se répercute sur les années suivantes, la plupart des étudiants poursuivant leur cursus. A la rentrée 2018, la hausse devrait ainsi atteindre, toutes années confondues, 65 000 étudiants.

Le ministère affirme relever le défi : « Bien sûr qu’en créant des places en première année, il faut créer les places correspondantes dans les années suivantes. C’est ce qui est prévu par le “plan étudiants”, c’est aussi ce qui explique l’augmentation cumulative des financements de 1 milliard d’euros au total sur le quinquennat. » Une prévision qui restera à vérifier lors des prochaines rentrées.