A l'occasion des vingt ans de la radio, les membres de Radio Campus Paris ont organisé une émission de douze heures d’antenne non-stop. / RADIO CAMPUS PARIS

C’est l’effervescence ce vendredi 29 juin au Point Ephémère, sur le quai de Valmy, dans le 10e arrondissement de Paris. Les équipes parisiennes de Radio Campus préparent une soirée qui vient clôturer un mois de festivités pour célébrer les vingt ans de la station estudiantine créée en 1998. Un tohu-bohu effréné, mais joyeux.

« C’est l’apothéose d’une période riche », déclare Eve Guiraud, la chargée de communication de la plate-forme. Ces dix dernières années, Radio Campus Paris a vu ses effectifs augmenter pour atteindre plus de 300 bénévoles et cinq salariés. Une équipe éclectique, composée d’étudiants, d’amateurs et de professionnels se destinant, ou non, à la radio.

La station francilienne comptabilise aujourd’hui 70 000 auditeurs réguliers, entre 17 h 30 et 5 h 30 sur 93.9 FM, fréquence qu’elle partage avec Vivre FM. Le reste du temps, c’est sur internet que ça se passe. « On a pris le virage numérique dès le début », analyse Maxime Le Roch, responsable du développement de la station qui, à l’origine, était une webradio. L’émergence de sites de podcasts comme BoxSons ou Nouvelles Ecoutes ne l’inquiète pas : « Bien sûr c’est un débat au sein de nos équipes, mais on anime une antenne, c’est différent. » Eve Guiraud d’ajouter : « Nous sommes une radio traditionnelle et on y tient. La voix d’un animateur, la date, l’heure, ça peut faire vieillot mais ça relie l’auditeur à la radio. »

Du sérieux, mais pas trop

Musique, théâtre, gastronomie, voyage, société, sport ou science : la centaine d’émissions de la station ratisse large, mais toujours avec le même esprit. Autrement dit, « faire de la radio sérieusement sans se prendre au sérieux », résume Christophe Da Cunha, le directeur d’antenne. Les sujets sont traités avec rigueur, mais le ton, lui, reste décalé et la programmation libre. « Qu’on soit dans le social, l’actu ou le comique, la façon d’aborder les sujets reste homogène, il y a un côté ubuesque d’outsider assumé, remarque de son côté Thibaut. Imprimeur de profession, le jeune homme bricolait des podcasts chez lui, avant de rejoindre la radio pour animer La Ligue des albums incompris, une émission où il tente de réhabiliter des disques oubliés.

Radio Campus Paris demeure un tremplin, à la fois pour les groupes musicaux indépendants, mais aussi pour ses membres. Elle propose à ses bénévoles notamment des ateliers et des formations afin de leur apprendre les ficelles du métier. « Ici, on a énormément de créativité, de liberté et de responsabilité », résume Elsa Landard, rédactrice en chef. Cette diplômée d’école de journalisme a préféré les micros de la radio associative aux grosses chaînes du secteur. Ce soir-là, elle anime une émission de douze heures en continu, dans un studio improvisé pour l’occasion. Salariée depuis septembre 2014, elle quittera le navire à la fin de la saison : « On n’est pas très bien payé », confie-t-elle, avant de tempérer « les gens sont là par passion et se donnent à fond. »

Créée en 1998, la radio étudiante fête ses vingt ans. / RADIO CAMPUS PARIS

Fatiguée, elle souhaite « passer la main » à de nouvelles pousses, comme cela est de coutume à Radio Campus. Ce qui n’était pas prévu en revanche, c’est son non-remplacement. Une « mauvaise nouvelle » qui met à mal l’organisation et la gestion de « ce média à taille humaine ». Conséquence plus ou moins directe de la baisse des contrats aidés voulue par le gouvernement. Pour autant, l’avenir de la station n’inquiète pas Eve Guiraud : « Si la radio a tenu dix ans, elle pourra faire dix ans de plus. »

Ce ne sont pas les « anciens » de la maison qui diront le contraire, dont certains sont venus fêter les vingt bougies de la station. Selon eux, rien n’a changé – ou presque : « L’esprit est resté le même : c’est la radio du campus mais aussi le campus de la radio », témoigne Alice, 40 ans, salariée en 1998. Elle se félicite que la structure ait gardé son côté défricheur de talents. « Radio campus a permis de faire émerger des talents, comme déjà à l’époque Radio Nova », corrobore Emily, 42 ans, qui collabore depuis quinze ans avec la station étudiante. Petite nouveauté cependant : la rotation entre les membres est beaucoup plus fréquente aujourd’hui selon elle.

Si Radio Campus Paris semble constituer une grande famille, la station appartient d’abord à ses auditeurs, avant d’être associée à telle ou telle personnalité. Précisément, la rotation permet de préserver cet esprit.

Depuis le 2 juillet, la chaîne est passée en mode estival, avec une grille allégée qui permet de tester de nouvelles émissions. Une période d’expérimentation pour de nouvelles voix, avec à la clé, qui sait, une diffusion à la rentrée.