Bruno Gollnisch lors d’un meeting du Front national, le 17 nocembre 2013. / BERTRAND GUAY / AFP

Le représentant du Rassemblement national (RN) au Parlement européen Bruno Gollnisch a été mis en examen vendredi 6 juillet par les juges d’instruction financiers parisiens pour « abus de confiance » pour l’emploi présumé fictif entre 2005 et 2015 d’assistants parlementaires, a t-on appris auprès de l’intéressé. Il s’agit de la 10e mise en examen dans cette affaire où sont déjà poursuivis le Rassemblement national (ancien Front National) en tant que personne morale et huit assistants ou eurodéputés, dont la présidente du parti d’extrême droite, Marine Le Pen, et le député des Pyrénées-Orientales Louis Aliot.

« C’est dérisoire. Je n’ai pas détourné un centime du Parlement européen », a réagi Bruno Gollnisch. « Au contraire, mes assistants parlementaires ont fourni un travail acharné, conformément à la législation et aux usages de la vie parlementaire », a-t-il fait valoir, parlant de ses deux assistants, Guillaume Lhuillier et Micheline Bruna. M. Gollnisch dénonce en outre le fait que « l’administration politisée du Parlement européen a déclaré devant le tribunal du Luxembourg qu’elle n’avait aucune procédure en cours contre moi, alors qu’elle s’est constituée partie civile contre quasi tous les élus FN » au Parlement européen. « Ce qui constitue un délit d’escroquerie au jugement », selon l’eurodéputé, proche de Jean-Marie Le Pen.

Le 7 mars, le tribunal de l’Union européenne (UE) à Luxembourg a rejeté une requête de Jean-Marie Le Pen, également eurodéputé, et de Bruno Gollnisch qui demandaient l’annulation de la décision du Parlement européen, début 2016, de leur faire restituer respectivement 320 026 et 275 984 euros qui auraient été indûment versés pour ces assistants parlementaires.

La justice de l’UE a aussi confirmé le 19 juin que Marine Le Pen devait rembourser près de 300 000 euros au Parlement européen pour l’emploi douteux d’une assistante quand elle était eurodéputée. Le préjudice total estimé par le Parlement européen est de 7 millions d’euros sur la période 2009 à 2017.

Un possible détournement d’argent européen

Les juges d’instruction enquêtent sur un possible « système » organisé par le parti, devenu au début de juin Rassemblement national (RN), et par sa présidente, Marine Le Pen, pour faire rémunérer des permanents avec les fonds européens réservés à l’embauche d’assistants parlementaires.

Le 4 juin, la cour d’appel de Paris a rejeté les recours formés par le FN et Marine Le Pen, qui contestait la compétence de la justice française, estimant aussi que l’enquête judiciaire s’affranchissait du principe de séparation des pouvoirs.

L’enquête, déclenchée en 2015 après un signalement de l’ex-président socialiste du Parlement européen Martin Schultz, vise 17 élus ou ex-élus frontistes et une quarantaine d’assistants. Les investigations ont mis au jour des courriels et des tableaux suggérant que les contrats d’assistant étaient ventilés selon les crédits disponibles sur les enveloppes des élus, sans nécessairement demander l’accord de ces derniers.

Marine Le Pen est notamment soupçonnée d’avoir « donné des instructions » afin que des eurodéputés engagent comme assistants des personnes « occupant en réalité des emplois » au FN, selon les termes de sa mise en examen survenue le 30 juin 2017, d’après une source proche du dossier.