Les joueurs belges célèbrent cette victoire. / BENJAMIN CREMEL / AFP

La première demi-finale de cette Coupe du monde est connue. Elle opposera la France, vainqueure de l’Uruguay (2-0), à la Belgique, qui a renversé une équipe brésilienne trop brouillonne et pas assez inspirée (2-1). Il s’agira du premier match officiel entre les deux voisins européens depuis 1986, quand ils avaient joué le match de la troisième place.

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Pour en arriver là, les Belges, qui étaient déjà passés près de l’élimination face aux Japonais, ont dû se débarrasser cette fois d’un sérieux prétendant au titre. Paradoxalement, le match fut bien plus facile face à une équipe brésilienne qui semblait monter en puissance au fil de la compétition mais qui, comme elle l’a montré ce soir à Kazan, était davantage apparence et individualisme que substance et concentration tactique.

Les Belges ont pris le contrôle de la rencontre très vite en première période, profitant d’abord d’un but contre son camp du milieu brésilien Fernandinho (13e) puis d’une frappe sous forme de missile de Kevin De Bruyne. L’action avait été créée par l’attaquant Romelu Lukaku, positionné sur l’aile droite, où il alternait entre meneur de jeu et point d’appui sur le front de l’attaque. Dans les deux cas, il était impossible à arrêter.

Le point commun entre ces deux buts ? La faiblesse défensive du Brésil incarnée par Fernandinho. Solide titulaire du Manchester City de Guardiola, il n’a été que remplaçant dans cette équipe brésilienne qui devait sa solidité et son équilibre à la personne qu’il suppléait ce soir : Casemiro. Sans le milieu du Real Madrid, encensé par Zidane lui-mêm, le bloc défensif brésilien a constamment été dépassé par les appels de Hazard, De Bruyne ou Lukaku. Et le bloc offensif était obligé de revenir en catastrophe, à l’image d’un Willian sorti exténué après la mi-temps.

L’équilibre fait la différence

SAEED KHAN / AFP

Cet équilibre indispensable aux sélections qui veulent atteindre le dernier carré d’une compétition internationale, l’entraîneur belge Roberto Martinez l’a acquis avec quelques changements efficaces (les solides Fellaini et Chadli à la place des trop virevoltants Carrasco et Mertens) et une organisation offensive construite sur des milieux intenables qui martyrisent les latéraux adverses. Sur la gauche, Eden Hazard a battu le record de dribbles réussis lors d’un match (10).

C’est ce qui a permis aux Belges de tenir pendant cinquante minutes aux attaques incessantes des Brésiliens, un mur rouge qui bougeait de droite à gauche en suivant les changements d’aile de l’adversaire, repoussait toutes les frappes de loin et cassait les grigris de Neymar ou Coutinho quand ils s’approchaient de la surface. « L’exécution était parfaite, ces garçons méritent d’être fêtés là-bas en Belgique », a dit Roberto Martinez.

Quand ce n’était pas la défense belge, c’était son gardien Thibaut Courtois, quasi infranchissable, auteur de neuf arrêts dont une claquette de classe mondiale sur une frappe enroulée de Neymar dans les arrêts de jeu. Et quand ce n’était ni l’un ni l’autre, c’était la pure maladresse des attaquants brésiliens.

La Seleçao aurait facilement pu marquer quatre buts dans les quinze dernières minutes. Finalement, ce n’est que le remplaçant Renato Augusto qui réussira à franchir la ligne, avec une tête consécutive à un lob parfait de Coutinho (76e). Les autres – le même Coutinho, Neymar, Roberto Firmino, Douglas Costa – échoueront parfois à quelques centimètres.

La « génération dorée » atteint le dernier carré

Olivier Matthys / AP

Les Français qui ont regardé le match auront raison de se demander si une demi-finale contre leurs voisins, plutôt que contre cette équipe brésilienne un peu perdue, est vraiment la meilleure issue. La Belgique est la meilleure attaque de ce Mondial (14 buts), elle a mis deux buts à la meilleure défense du Mondial et a battu pour la première fois une équipe sud-américaine en match à élimination directe. La Belgique n’a plus perdu lors de ses 23 derniers matchs (18 victoires, 5 défaites).

Surtout, ellle arrive en pleine confiance, consciente d’avoir frôlé la mort footballistique contre le Japon. Les Diables rouges sont devenus la première équipe à être revenue d’un déficit de deux buts, pour remporter un match de Coupe du monde dans le temps réglementaire depuis le Portugal, en 1966. « On est très fiers d’avoir gagné contre ce genre d’équipe. C’est pour vivre ça qu’on veut jouer au foot, pour vivre des matchs comme celui contre le Brésil », a dit un Kevin De Bruyne élu homme de la rencontre par la FIFA.

La « génération dorée » belge avait jusqu’ici échoué en quarts de finale, en Coupe du monde 2014 et à l’Euro 2016. Ils atteignent pour la première fois le dernier carré et retrouveront donc la France, pays voisin et adversaire presque frère. La demi-finale, qui aura lieu mardi 10 juillet à 20 heures à Saint-Pétersbourg, sera le 74e match entre les deux pays, un record. Et, contrairement à la dernière demi-finale des Bleus, en 2006 contre le Portugal, Thierry Henry (123 sélections, 53 buts) ne sera pas dans le coin bleu. Il sera dans le coin rouge, en tant qu’entraîneur adjoint des Belges.

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