L’explosion de joie de Kevin De Bruyne. / Matthias Schrader / AP

Quatre ans après les larmes qui avaient accompagné l’humiliation d’une élimination 7 buts à 1 en demi-finale de leur Mondial, contre l’Allemagne, le Brésil pleure à nouveau. De dépit, cette fois, tant les joueurs brésiliens ont tenté, jusqu’à la dernière seconde, vendredi 6 juillet à Kazan, de déjouer le sort et d’inscrire le but de l’égalisation contre la Belgique. Peine perdue : la Seleçao ne verra pas la douzième demi-finale de Coupe du monde de son histoire, éliminée (1-2) dès les quarts de finale par des Diables rouges qui rejoignent enfin la cour des grands et affronteront la France le 10 juillet à Saint-Pétersbourg.

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Les Belges ont été aussi efficaces que les Brésiliens ont été malchanceux. Vernis sur l’ouverture du score (un but contre son camp, de la main de Fernandinho), dès l’entame du match, les coéquipiers d’un Kevin de Bruyne très inspiré ont su parfaitement jouer les rares ballons que leur ont laissé les Brésiliens, multipliant les contres et les actions dangereuses sur coup de pied arrêté. C’est d’ailleurs le joueur de Manchester City, élu homme du match, qui a su aggraver le score à la 31e minute en concluant un contre mené par un Romelu Lukaku survolté.

Cueilli à froid, le Brésil a multiplié les offensives : Neymar, Gabriel Jesus, Paulinho, Coutinho Marcelo, Willian… Les uns après les autres, les joueurs brésiliens venaient buter sur une défense belge parfois proche de la rupture, mais qui ne pliait pas grâce à une organisation impeccable. « L’exécution tactique était parfaite », a sobrement commenté, après la rencontre, le sélectionneur belge Roberto Martinez.

La difficile absence de Casemiro

En tout, les coéquipiers de Neymar auront frappé à 26 reprises sur les cages belges (9 cadrées). En vain : quand ce n’était pas la défense belge, c’était son gardien, Thibault Courtois, auteur d’au moins trois arrêts de grande classe. Les vagues jaunes ont déferlé avec encore plus d’insistance après le but de la tête du remplaçant Renato Augusto à la 76e minute, suite à un lob parfait de Coutinho.

Etouffant, le dernier quart d’heure a vu les assauts répétés des attaquants brésiliens, Coutinho, Neymar, Roberto Firmino, Douglas Costa, qui ont parfois manqué de quelques centimètres l’égalisation. « Ça me fait du mal de le dire, mais c’était un match tellement beau, c’est dur à avaler », a reconnu le coach brésilien Tite en conférence de presse, les yeux rougis.

Un brin maudits, les Brésiliens ont aussi souffert de l’absence de Casemiro, dont la suspension a largement contribué à la désorganisation de l’équipe brésilienne, l’exposant aux contres incessants de Hazard, De Bruyne ou Lukaku. Mais le Brésil a avant tout buté sur une très bonne équipe belge, qui justifie enfin son statut de grand d’Europe.

Une « génération dorée » arrivée à maturité

Il lui aura fallu du temps, mais la fameuse « génération dorée » belge semble enfin arrivée à maturité. Sortie en quarts du Mondial 2014, piteusement éliminée au même stade par le Pays de Galles à l’Euro 2016, la Belgique a démontré, face au Japon en huitièmes (3-2), sa capacité à remonter un score, et face au Brésil sa capacité à le tenir.

Meilleure attaque du tournoi avec quatorze buts – faut-il y voir la patte de Thierry Henry, adjoint de Martinez sur le banc et qui exultait en fin de partie ? –, les Diables rouges ont aussi rappelé, samedi soir, qu’ils avaient une des meilleures défenses et un des meilleurs gardiens du monde. Et s’il en fallait encore, quel meilleur signe que cette équipe fait bien partie des plus grandes que la bonne dose de réussite dont elle a bénéficié face au Brésil ?

Après avoir beaucoup déçu, cette génération des Kompany, Hazard ou Fellaini peut déjà se dire qu’elle a fait beaucoup. D’abord en effaçant le traumatisme du huitième de finale Brésil-Belgique de 2002, perdu 0-2 et marqué par un arbitrage douteux. Ensuite en offrant au pays la deuxième demi-finale de Coupe du monde de son histoire, après l’épopée de 1986 qui avait vu les Diables rouges éliminer l’URSS, l’Espagne, avant de chuter 2-0 contre l’Argentine de Maradona.

Pour la petite histoire, la Belgique n’avait aussi jamais remporté de victoire dans un match à élimination directe face à une sélection sud-américaine. Son succès face au Brésil, dans un match spectaculaire et d’une rare intensité, pourrait achever de la décomplexer. « Notre grande différence avec le Brésil est qu’on n’a pas gagné une seule Coupe du monde », tempérerait Roberto Martinez la veille du match, pour souligner l’importance de l’expérience à ce stade de la compétition, mais aussi pour rappeler son statut d’outsider. L’obstacle brésilien renversé, l’appétit des Belges ne devrait pas avoir de limites. C’est désormais le voisin français qui se dresse sur la route des Diables« une équipe extraordinaire », a averti Kevin De Bruyne en conférence de presse. Des compliments qui devraient accroître la méfiance de Didier Deschamps.