LES CHOIX DE LA MATINALE

Du foot surréaliste à Bucarest, des femmes photographes de guerre, d’adorables chiots et un podcast sur les pères : des replays pour agrémenter un week-end ensoleillé.

« Match retour » sous Ceausescu

ARTE

Célèbre cinéaste de la talentueuse école roumaine, Corneliu Porumbiu signait il y a cinq ans cet incroyable Match retour. Son principe ? Commenter, en compagnie de son père, Adrian, le match au sommet disputé le 3 décembre 1988 sous la neige de Bucarest et télévisé en direct à l’époque entre le Steaua et le Dinamo, les deux clubs de football les plus prestigieux de la capitale roumaine. Adrian Porumbiu arbitrait cette rencontre à haut risque entre le club de l’armée cher à Nicolae Ceausescu, et celui de la tristement célèbre Securitate.

Pendant que les images (« à la qualité préhistorique », comme le souligne Adrian) du match défilent, le père et le fils dialoguent en voix off. Corneliu fait parler Adrian sur sa façon d’arbitrer, les enjeux politiques, les pressions subies. Et voilà comment un match de championnat roumain disputé il y a trente ans sur un terrain à la limite du praticable devient une formidable leçon d’histoire. Un document à ne pas rater. Alain Constant

« Match retour », de Corneliu Porumbiu (Roumanie, 2013, 92 min). Sur Arte.+7 jusqu’au 8 juillet.

La guerre dans l’œil des femmes

Voilà un beau documentaire qui rend hommage aux femmes photographes de guerre. Existe-t-il un regard spécifiquement féminin sur les conflits armés ? Pourquoi certaines partent-elles si jeunes au front ? Des questions qui trouvent parfois des réponses à travers les portraits de plusieurs fortes personnalités.

De la Viennoise Alice Schalek (1874-1956), devenue la première correspondante de guerre au monde, à la Française Christine Spengler qui a travaillé sur des terrains aussi dangereux que l’Afghanistan, le Tchad ou le Kosovo, en passant par la célèbre Gerda Taro, morte à 26 ans, écrasée par un char lors de la guerre civile espagnole, ces femmes ont photographié les horreurs de la guerre au plus près.

Sans oublier la mythique Lee Miller (1907-1977), peinte à six reprises par Picasso, adorée par Man Ray et dont les photos de guerre, notamment celles prises en 1944 au cœur de l’Allemagne dévastée, sont passées à la postérité. « Pour moi, photographier la guerre, c’est du surréalisme devenu réalité ! », disait-elle. A.Ct

« Femmes photographes de guerre », de Sigrid Faltin (Allemagne, 2016, 52 min). Sur Arte+7.

Au plus près des chiots

Filmé à hauteur de toutou, ce programme original suit les aventures de chiots en plein apprentissage de la vie : de leur naissance à leurs débuts dans le monde extérieur. Le réalisateur Peter Chinn et ses équipes ont notamment accompagné des portées de chiots pendant les premières semaines de leur existence, afin d’étudier leurs comportements. Des tribus de dalmatiens, de labradors ou encore de braques de Weimar, à travers toute l’Angleterre. De races variées, tous les chiots ont leur spécificité et leur personnalité, que n’oublie pas de souligner la voix off.

Sans prétention, ce documentaire dresse un portrait émouvant de ces petites bêtes. Parfois simpliste, jamais barbant. Caméra posée la plupart du temps au sol, le film offre quelques plans cocasses, aux accents enfantins. Rempli d’humour et de légèreté, il ravira les petits et les grands. Camille Langlade

« Une vie de chiot, nouvelle génération », de Peter Chinn (Royaume-Uni, 2016, 85 min). Sur France.tv

« C’est papa » : en l’absence des fils

ARTE

Les messages laissés par les pères sur le répondeur de leurs fils débutent souvent par un classique : « Allô c’est papa ». La suite, comme on peut l’entendre dans le documentaire de Mathilde Guermonprez, peut réserver diverses variations. Tels les appels sans raison, « Bon j’ai vraiment rien à te dire mais c’était simplement que je voulais entendre ton répondeur » ; les absurdes, « Je t’appelle pour savoir si tu regardes dans le ciel en ce moment parce qu’il y a un truc énorme qui tourne (…), peut-être des ovnis ». Et bien sûr, les appels à l’aide souvent liés aux nouvelles technologies – question de génération – « Si tu peux me rappeler à propos de la air box », « J’ai un problème avec mon Mac… »

Pour obtenir ces instantanés de vie, Mathilde Guermonprez a récolté 214 messages vocaux en lançant un appel à contribution sur les réseaux sociaux. La méthode avait déjà fonctionné dans sa version « C’est maman », en avril 2015. Et, là encore, elle nous donne envie de consulter notre messagerie pour réentendre les nôtres d’une autre oreille. Léa Demirdjian

« C’est papa », de Mathilde Guermonprez (France, 2018, 4 min) sur Arte Radio.