Chaque jour durant la Coupe du monde, Eddy Fleck et Maxime Mianat analysent la compétition à leur façon. Attention : cette chronique peut contenir du second degré.

Olivier Giroud se lance dans une imitation, réussie, de Neymar. / ANTONIN THUILLIER / AFP

Quand Brahim fut recruté par ce petit club de football du sud de la France, le quotidien des habitants fut soudainement troublé. Il était affable, discret, musulman mais milieu offensif droit. « Ce ne sont pas des gens comme nous. Ils sont trop payés », entendait-on au café de la gare. « Il pourrait au moins faire l’effort de trouver un travail », se plaignaient les chômeurs qui fraudaient Pôle emploi. « Un footballeur… Alors que notre équipe de rugby a besoin d’argent pour monter en Pro D2… », grommelait José, l’un des nombreux piliers du bar. Ce discours, les habitants le connaissaient depuis toujours. Ils trouvaient des circonstances atténuantes aux enfants qui prenaient une licence ou aux beaux-parents qui lisaient France Football. Mais Brahim était différent. Ne me demandez pas pourquoi : il l’était, c’est tout.

Fin juin, la rumeur de la construction d’un nouveau stade à la place de la mosquée attisa un peu plus les rancœurs. José « n’avait rien contre les footballeurs, bien sûr », mais tout en reconnaissant « qu’il y en avait des très bien » et que « les honnêtes payaient pour les autres », il trouvait que l’équipe de France avait très mal joué durant le premier tour de la Coupe du monde. Après le nul face au Danemark, il jura : « C’est la dernière fois que je me fais avoir ! On a essayé tous les sports mais jamais le biathlon. Pourquoi ne pas lui donner sa chance ? Il ne peut pas être pire que les autres. »

France-Argentine ne fut pas diffusé au café de la gare. On le regarda toutefois en replay. Puis ce matin, on commenta Uruguay-France :

- Les footballeurs, au fond, ils ne gênent personne. C’est pas comme les rugbymen. Ils perdent souvent.

- Ah ça…

- Ils font du bruit. Ils cassent tout.

- Toujours les mêmes….

J’ai recommandé un Ricard avant d’ajouter :

- Ouais. Toujours à picoler. Comme José.

Maxime Mianat

Les épisodes précédents de « Roulette russe »

Episode 1 : comment concilier Coupe du monde et vie de famille

Episode 2 : pourquoi il ne faut pas critiquer l’équipe de France

Episode 3 : pourquoi on ne sait pas encore si Griezmann pourra jouer contre l’Australie

Episode 4 : pourquoi le drapeau du Brésil n’est pas ce que vous croyez

Episode 5 : pourquoi les Anglais n’ont en réalité pas inventé le football

Episode 6 : pourquoi Pologne-Sénégal est un authentique derby

Episode 7 : pourquoi la Coupe du monde est un cauchemar pour les autres sportifs

Episode 8: pourquoi France-Pérou n’aura pas lieu

Episode 9 : pourquoi il y a toujours un drapeau algérien dans un stade

Episode 10 : pourquoi l’Antarctique est le grand absent du tournoi

Episode 11 : pourquoi il n’est pas raisonnable d’aimer à la fois Lionel Messi et Cristiano Ronaldo

Episode 12 : pourquoi on peut suivre la Coupe du monde sans aimer le foot

Episode 13 : pourquoi le dopage n’existe pas dans le football

Episode 14 : pourquoi 0-0 est le score parfait

Episode 15 : pourquoi le match Panama-Tunisie sera l’événement du soir

Episode 16 : pourquoi j’ai renoncé à la nationalité française durant la Coupe du monde

Episode 17 : comment échapper à un mariage le jour de France-Argentine ?

Episode 18: pourquoi les statistiques sont indispensables au football

Episode 19 : pourquoi les joueurs brésiliens choisissent-ils leur nom de famille ?

Episode 20 : comment expliquer la Coupe du monde à son enfant

Episode 21 : comment briller en société en parlant football ?

Episode 22 : pourquoi il faut croire en Dieu avant France - Uruguay