Documentaire sur Paris Première à 10 h 10

S’il y a toujours une touche d’Afrique sur les podiums des fashion weeks aujourd’hui, c’est grâce au wax. Dénigré il y a une dizaine d’années, ce tissu aux innombrables motifs vitaminés – avec des profils de Giscard, Mobutu ou Obama, selon les époques, ou des nuances tribales – est devenu l’emblème pop d’une génération. Dans un documentaire intitulé Wax in the City, le réalisateur Elie Séonnet retrace l’ascension de ce célèbre tissu et explique les enjeux, culturels, économiques et politiques, dont il fait l’objet.

De Beyoncé à Nicki Minaj en passant par les clientes de Monoprix, tout le monde s’arrache le wax. Mais l’Afrique en profite-t-elle vraiment ? Le documentaire, tourné au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Mali, au Bénin, mais aussi à Paris et aux Pays-Bas, donne la parole aux différents ­acteurs de la mode, des créateurs aux tisseuses traditionnelles en passant par les stylistes et les tailleurs de quartier. L’engouement est tel aujourd’hui que des marques africaines ou afropolitaines se sont développées comme Maison Château Rouge, Nash Prints It et Elie Kuame Couture.

Un tissu hollandais

A la tête de chacune d’elles, on trouve une jeunesse qui assume ses origines et n’entend pas faire de compromis. « Il y a quinze ans, les créateurs africains étaient très instinctifs, toujours dans l’inspiration et dans l’art, analyse Adama Ndiaye, styliste et fondatrice de la Dakar Fashion Week en 2002. Aujourd’hui, on est dans le business, le marketing… Mais par ­rapport au wax, je reste mitigée. » Car le tissu bariolé est tellement associé à l’Afrique qu’on en oublie qu’il est hollandais, apporté par des ­colonisateurs en Indonésie. Aujourd’hui, le coton enduit d’une fine couche de cire avant d’être froissé est conçu à Helmond, siège de la célèbre marque Vlisco aux Pays-Bas, avant de ­rejoindre notamment Dantokpa, l’immense marché de Cotonou.

Dans les échoppes de la capitale économique du Bénin, les rues poussiéreuses du Mali ou sur une plage de Dakar, le documentaire restitue l’ambiance des villes africaines. Des images soignées ponctuent les séquences, rythmées par les entretiens et les ­déplacements de Flora Coquerel, Miss France 2014 et présentatrice inspirée de ce documentaire aussi vivifiant qu’un pagne en wax.

Wax in the City, d’Elie Séonnet (Fr., 2018, 60 min).