Merrin,  20 ans, étudiant en éco-gestion à Paris, rêve d’être footballeur professionnel. / La ZEP via Campus

Voix d’orientation. Le Monde Campus et La ZEP, média jeune et participatif, s’associent pour faire témoigner lycéens et étudiants de leurs parcours d’orientation. Cette semaine, Merrin, 20 ans, étudiant en éco-gestion à l’université Panthéon-Assas, à Paris.

Après mon bac ES avec mention bien à Belfort en 2016, j’étais accepté en classe prépa mais je ne me voyais pas réviser à longueur de journée. Et surtout, j’ai voulu changer d’horizon, découvrir autre chose tout en me consacrant à ma passion, le foot !

Je suis donc parti à Marseille en bus, dix heures de trajet, pour faire des essais au club de foot du SC Airbel Marseille. Les tests ont été concluants : cinq jours après, je rentrais chez moi à Belfort et je repartais dans la foulée commencer une nouvelle vie à la marseillaise !

Je me suis inscrit à la fac d’éco sur la Canebière : cela me permettait de jouer au foot tout en continuant les études au cas où — histoire d’avoir un bagage assuré. Mais je suis surtout venu pour réussir dans le football. Je m’entraînais durement. Quand je n’avais pas entraînement, j’allais faire des exercices et du renforcement au terrain de la cité.

Mon objectif était clair dans ma tête… Mais avec les cours, pas facile ! Je finissais souvent à 16 heures 17 heures puis à 19 h 30 j’enchaînais avec les entraînements au club, pour rentrer chez moi à 22 h 20. Pendant que je me douchais, je mettais les pâtes à chauffer. Puis, avec les coéquipiers, on regardait les résultats des matchs devant l’Equipe 21 et on s’endormait vers 23 h 30 pour se lever à 6 h 50 le matin et recommencer à 8 heures. Heureusement que certains jours je commençais un peu plus tard, car la fatigue s’accumulait très vite.

En fin d’année, je n’ai pas signé dans un centre de formation car on ne m’a pas fait assez confiance. Quand on ne te fait pas beaucoup jouer et qu’on te met souvent avec l’équipe 2, tu comprends par toi-même… Mais j’ai réussi à valider ma première année avec 12 de moyenne annuelle. J’ai donc décidé de partir à Paris. Par hasard, j’ai contacté l’université Panthéon-Assas : on me dit que les dates d’inscription sont closes mais je me suis accroché et j’ai été accepté.

« J’accumule du retard, c’est compliqué »

Aujourd’hui, je suis étudiant en éco-gestion et je continue le football en jouant pour l’équipe universitaire. Et c’est reparti ! Mes entraînements finissent tard — à 22 h 15, le temps de rentrer, manger me doucher…, il est vite minuit. Il m’est difficile d’enchaîner deux jours à ce rythme. Du coup, je loupe des cours. Aujourd’hui, je me suis réveillé à 9 h 30 alors que j’aurais dû être à la fac. C’est vrai que ce n’est pas vraiment la vie de se lever à des heures pareilles, mais le football me rend K.-O. ! D’ailleurs, j’ai match à 13 h 15 avec la fac, alors qu’à la même heure, j’ai cours en amphi.

J’accumule du retard, c’est compliqué. Je fais tout pour avoir le maximum de points possible, pour éviter de rattraper trop de matières en fin d’année. Je m’attendais à des résultats catastrophiques pour la première fois. Je n’ai pas assez travaillé et c’est difficile d’allier les deux. Mais j’ai réussi et je passe en troisième année !

A part footballeur professionnel, je ne sais toujours pas ce que je souhaite faire comme métier. L’école reste pour moi un bagage, au cas où je me blesse, donc c’est dur de m’investir pleinement dedans. C’est pour ça que je loupe des cours. J’aime les matières qui me font apprendre des choses, sortir d’un cours en ayant appris, c’est ça l’objectif. Ça peut paraître bizarre mais la matière que je préfère ce semestre est le droit des affaires, une matière optionnelle.

Le football, c’est ce qui me fait vivre au quotidien, le graal serait de signer professionnel un jour, la route est encore longue. Je suis conscient que mes notes ne sont pas extraordinaires pour une faculté aussi prestigieuse, mais heureusement elles ne sont plus les seuls critères de sélection ! J’aimerais aller dans un pays comme les Etats-Unis, le Brésil pendant un an, mais à l’heure actuelle je ne peux pas car cela m’obligerait à arrêter le football. Sauf si un club étranger me prenait… Dans ce cas, partir dans le cadre du football m’intéresserait évidemment. J’espère un jour… Le travail paie toujours.

La zone d’expression prioritaire (ZEP) accompagne la prise de parole des 15-25 ans

La zone d’expression prioritaire (ZEP) est un dispositif d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans par des journalistes professionnels. Par l’intermédiaire d’ateliers d’écriture dans des lycées, universités, associations étudiantes ou encore dans des structures d’insertion, ils témoignent de leur quotidien et de l’actualité qui les concernent.

Tous leurs récits sont à retrouver sur la-zep.fr, et, pour la plupart, ci-dessous :