Gianluigi Buffon lors de sa présentation au Parc des Princes. / THOMAS SAMSON / AFP

Maintenant que Gianluigi Buffon, 41 ans, a officiellement signé son contrat au Paris – Saint-Germain, la question qui se pose n’est pas de savoir si la légende italienne sera titulaire dans les cages parisiennes. Elle le sera. L’interrogation porte davantage sur ce qu’elle y fera. Son apport en matière d’images et de retombées marketing et financières pour le club finira-t-il par être supérieur à son apport sportif ?

Après sa 17e et dernière saison à la Juventus, Buffon est reparti avec l’habituel doublé championnat-coupe, les 21e et 22e titres de sa carrière. Cette année, c’est moins la solidité défensive de la Vieille Dame qu’une attaque dominatrice qui a pesé dans le scudetto de la Juventus. Derrière une charnière centrale elle aussi vieillissante (37 ans pour Barzagli, 33 pour Chiellini), Buffon est apparu moins décisif que par le passé, même s’il a joué la majorité des matchs de Serie A et de Ligue des champions.

Comme Beckam ou Ibra ?

De là à dire que son passage au PSG ressemblera plus à celui de David Beckam (10 matchs, aucun but et beaucoup de paillettes) qu’à ceux d’Ibrahimovic ou de Neymar (du marketing, mais des buts)… La seule comparaison qu’on peut faire entre Buffon et l’Anglais ultramédiatique en 2013 est que leurs carrières respectives sont sur la fin. Mais l’un était déjà moins un joueur de foot qu’un panneau publicitaire, tandis que Gigi Buffon reste une légende du sport qui a toujours faim. La quarantaine passée, il est encore capable de perdre ses nerfs, d’insulter un arbitre et de se faire expulser comme un gamin de 20 ans en demi-finale de Ligue des champions.

L’Italien apportera sur les terrains français une aura inégalée. S’il n’est plus dans la discussion sur le meilleur gardien au monde, il reste dans le cœur des amoureux du football, même de ceux qui ne soutiennent pas l’Italie. On admire son charisme, sa longévité, sa classe et sa fidélité. Qui d’autre aurait, pendant la phase ascendante de sa carrière, accepté de rester dans une Juventus reléguée en Serie B ? Pas Ibrahimovic, en tout cas, qui a filé direct pour gagner des titres à l’inter.

Cette aura rejaillit, bien sûr, jusqu’au vestiaire. S’il y a bien un joueur qui commande le respect de tous les joueurs professionnels, peu importe leur génération ou leur nationalité, c’est bien Gigi. Sa présence pèsera dans le vestiaire parisien, où les divisions, les ego et les rancœurs apparaissent à chaque coup dur. Il est peut-être là, l’apport principal qu’espèrent les dirigeants du PSG. Avoir une légende dans son effectif n’a pas prix, et encore plus quand cette légende arrive gratuitement, donc sans incidence pour le fair-play financier.

« Aider mon nouveau club »

Dans le communiqué annonçant la visite médicale, et donc l’officialisation de la signature, Buffon a parlé d’« un grand sentiment de bonheur » et a vanté le « projet ambitieux ». Il a aussi précisé qu’il était ici « pour aider [s] on nouveau club à atteindre les très grands objectifs qu’il s’est fixés ». Ces objectifs ne sont à l’évidence pas un nouveau titre de Ligue 1 ou une Coupe de France. Gigi Buffon n’est pas venu à Paris pour jouer Lens en 32es de finale de la Coupe de France.

Il est venu pour réussir ce qu’il a raté à trois reprises avec la Juventus : gagner la Ligue des champions, seul titre majeur, avec l’Euro, qui manque à son palmarès. Les propriétaires du PSG l’ont fait venir avec l’espoir qu’il soit la pièce manquante qui leur permette d’enfin passer le stade des quarts de finale. Des ambitions qui se conjuguent parfaitement.

Même s’il est suspendu pendant les trois premiers matchs de la future campagne européenne de Paris, Buffon y jouera un rôle prépondérant. Le gardien italien n’est plus capable de faire des saisons à cinquante matchs, mais sa retraite internationale et la foule de gardiens lui permettront de choisir ses matchs à Paris. Les prochains mois diront si sa doublure sera Kevin Trapp, encore sous contrat jusqu’en 2020 à 400 000 euros par mois, ou Alphonse Areola, qui a dû apprendre en Russie, où il est le troisième gardien des Bleus, que son futur dans son club formateur devenait tout de suite plus compliqué.

Le jeune Areola (25 ans) a déjà dit publiquement qu’il n’accepterait pas d’être suppléant. Le laisser partir pour au moins un an de Buffon peut paraître risqué, surtout si l’Italien, qui a une option pour prolonger d’un an, décide de tout arrêter après avoir enfin eu sa Ligue des champions. Seul Gigi Buffon sait combien de temps de plus il jouera que Dino Zoff, autre légende des cages transalpines qui a dit stop à 41 ans. En 2015, déjà, il devait gérer les questions sur sa retraite, répondant en ne rigolant qu’à moitié

« Prendrai-je ma retraite dans dix ou quinze ans ? Qui sait… Je raccrocherai peut-être les crampons à 65 ans. »