Inauguration, en février 2016, des premières  latrines dans le collège de Zounguè, à Dangbo (Bénin), qui compte plus de mille élèves. / DANIEL ABOKI / PlanFutur

Au Bénin, comme dans nombre de pays africains, le manque de toilettes constitue un défi majeur. A peine un quart des ménages ont accès à un ouvrage adéquat d’évacuation de leurs excréments. A Dangbo, située à une cinquantaine de kilomètres au nord de Cotonou, ce n’est même pas 10 % de la population qui en dispose. Cette situation a de graves conséquences sur la santé : choléra, diarrhée, paludisme et diphtérie, entre autres, continuent de sévir et de tuer.

« Autant de maladies qui peuvent être évitées si l’on règle ce problème d’hygiène et d’assainissement », relève Vital Ahissou de PlanFutur, une ONG qui a lancé en juillet 2015, en partenariat avec la Fondation Ben-In-Connection, le projet Ecosan Bénin de construction de latrines dans les écoles et les espaces publics.

A Dangbo, où ce projet a commencé à être développé, les maladies liées à l’insalubrité de l’eau – à l’origine de 97 % des hospitalisations – et la mortalité infantile ont, en trois ans, déjà reculé de 5 %. « L’enjeu de ce projet est d’améliorer l’hygiène et l’assainissement mais aussi de préserver les sols. La terre, dans cette région agricole, connaît une baisse de fertilité croissante en raison de l’usage d’engrais chimiques qui contaminent l’eau et détruisent les nappes phréatiques », explique Vital Ahissou.

Fertilisants agricoles naturels

L’ONG et la Fondation ont ainsi développé une approche d’assainissement écologique baptisée Ecosan (Ecological sanitation), qui consiste à assainir et valoriser les déchets organiques en fertilisants agricoles naturels, au détriment des engrais chimiques. Une solution pour les villages ne disposant pas d’eau potable ou de réseau de tout-à-l’égout.

Dans deux collèges et sur le marché de Dangbo ont ainsi été installées des latrines sèches –autrement dit fonctionnant sans eau –, constituées de deux réceptacles étanches hors sol, qui permettent de collecter séparément l’urine et les matières fécales. Il est demandé à chaque utilisateur de verser un gobelet de sciure de bois sur ses excréments pour les rendre inodores et faciliter leur sèchement.

Latrines au sein du collège de Zounguè, à Dangbo (Bénin), construites par l’ONG Plan Futur et la Fondation Ben-In-Connection en février 2016. Le bâtiment comprend trois toilettes et deux urinoirs, écologiques. / DANIEL ABOKI / Plan Futur

Une fois plein, les récipients sont relevés et transportés sur un site de compostage. « On laisse alors la matière fécale continuer de sécher et au bout de six mois, elle est évacuée vers les champs comme matière organique fertilisante. Quant à l’urine, que l’on laisse reposer dans des jerricans, elle devient au bout de trois à quatre semaines un très bon engrais azoté, notamment pour le maraîchage. Un engrais riche en urée naturel et non chimique », explique Vital Ahissou. Et celui-ci d’insister : « Ces fertilisants naturels permettent aux producteurs d’augmenter de 20 à 30 % leurs rendements. »

Campagnes de sensibilisation

Financée à 80 % (40 000 euros) par une agence de l’eau néerlandaise, WDODelta, la première phase du projet, menée dans la commune de Dangbo, a permis à plus de 10 000 personnes d’avoir un accès direct à un service d’assainissement. Et à plus de 15 000 personnes d’être sensibilisées aux questions d’hygiène et d’assainissement.

Plan Futur a multiplié les campagnes de sensibilisation. Femmes du marché, élèves, agriculteurs, en particulier, ont été impliqués à toutes les étapes du projet. Un réseau de producteurs agricoles a été constitué et sensibilisé à l’usage du compost naturel. « Nous avons fait avec eux les premiers tests. Ils ont été conquis et ils se sont mis alors à jouer les relais sur la promotion de la démarche Ecosan », se félicite Vital Ahissou. Le coordinateur du projet juge la formation des élèves non moins essentielle. Car non seulement ils sont les acteurs de demain, mais ce sont eux qui pourront convaincre leurs parents.

Faute de financement suffisant, toute la population de Dangbo n’a pas encore été touchée. Mais le projet ne demande qu’à être étendu à toute la commune, et même au-delà, à d’autres territoires.

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