Le nouveau ministre britannique du Brexit, Dominic Raab, arrive à Downing Street, le 10 juillet, à Londres. / SIMON DAWSON / REUTERS

Alors que Theresa May amorce un net virage vers un Brexit modéré et des liens maintenus avec l’Union européenne (UE), c’est un « hard brexiter » qu’elle vient de nommer pour succéder à David Davis au ministère qu’elle a créé en 2016, précisément pour gérer la sortie de l’UE. Agé de 44 ans, fils d’un réfugié juif tchèque, arrivé au Royaume-Uni avant la seconde guerre mondiale, Dominic Raab ambitionne, dit-on, de diriger le Parti conservateur. Pour l’heure, il aura surtout la tâche de maintenir les europhobes dans le giron de la première ministre. La tâche de négocier avec Bruxelles revenant désormais à Olly Robbins, le conseiller Europe et homme de confiance de Mme May.

Après une éducation dans une grammar school (école d’élite) dans le Buckinghamshire, puis des études de droit à Oxford et Cambridge, M. Raab, qui est aussi ceinture noire de karaté, a travaillé comme juriste dans le privé, puis au ministère des affaires étrangères où il a été détaché à la Cour pénale internationale de La Haye. En 2006, il est devenu directeur de cabinet de David Davis, alors ministre de l’intérieur du « cabinet fantôme » (opposition d’alors). Puis il a travaillé pour Dominic Grieve, alors ministre de la justice du « cabinet fantôme », un conservateur ardent europhile, figure marquante des anti-Brexit d’aujourd’hui, avec lequel il va probablement avoir maille à partir désormais.

Rayé du gouvernement en 2017

En 2010, au moment du retour de la droite au pouvoir, Dominic Raab est elu député d’Esher et Walton, une circonscription acquise aux conservateurs du sud-ouest de Londres. Il se fait connaître pour son opposition à la libre circulation des ressortissants européens, l’un des vecteurs du vote pro-Brexit de 2016. Il critique également la Cour européenne des droits de l’homme, que les conservateurs voulaient quitter – une promesse abandonnée depuis le référendum. En 2012, il se fait connaître pour avoir écrit que « les Britanniques sont parmi les gens les plus paresseux du monde » dans un manifeste modestement intitulé « Libérer Britannia de ses chaînes ».

David Cameron le promeut, en 2015, en le nommant secrétaire d’Etat à la justice, signant son entrée au gouvernement. Il retrouvera ce poste, puis celui, politiquement important, de ministre du logement sous Theresa May à partir de 2017. Mais l’actuelle première ministre, lorsqu’elle est arrivée au pouvoir en 2016, avait rayé M. Raab de son gouvernement. On dit qu’elle ne lui pardonnait pas, à l’époque, d’avoir écrit, dans un article publié en ligne, que les féministes étaient des « fanatiques insupportables ».